Ce témoignage capital et de première main sur le cubisme devait initialement introduire les mémoires du marchand d’art Paul Guillaume, disparu en 1934. Max Jacob y travailla plusieurs années, mais n’en publia qu’un fragment en janvier 1937 dans la revue Les Feux de Paris sous le titre « Le Tiers transporté ». Pour le quatre-vingtième anniversaire de la naissance de l’auteur en 1956, Louis Broder en publia la version intégrale, avec des illustrations de Picasso, l’ami historique de Max Jacob.
Les pages 36-38 offrent plusieurs passages raturés, restés inédits. Par ailleurs, le manuscrit diffère légèrement de l’édition dans l’emplacement des titres et sous-titres. C’est à partir de ce jeu que Broder publia ces Chronique des temps héroïques, en y ajoutant la partie publiée dans Les Feux de Paris, en 1937, dont le manuscrit lui manquait à l’époque (p. 1-33, feuillets 1-22). Propriété du libraire Bernard Loliée, il fut vendu lors de la vente de la bibliothèque (22 mai 2019, n° 27.)
À l’issue de la publication du volume, Broder fit relier l’ensemble de ses manuscrits à l’identique de l’exemplaire unique sur papier japon qu’il s’était dessiné : un décor de filets à froid, composé par Plumelle sur une reliure de maroquin bordeaux établie par Semet. Dans l’idée d’y adjoindre un jour les 22 feuillets du début du texte, Broder demanda à son relieur de réserver la place nécessaire en tête de volume, ou figurent autant de feuillets vierges, prêts à les recevoir.
Le manuscrit Broder commence donc à la page 33 du texte publié et offre toute la suite des Temps héroïques – à l’exception du chapitre VI, qui est ici remplacé par trois pages inédites intitulées « Voyage en Suisse » (p. 71-73), acquises chez un libraire parisien en 1966 : « Ils sont inédits et doivent prendre place avant la page 99 de la Chronique des temps héroïques, en début de chapitre » et du folio 70 « page de titre de la seconde partie ? ».
Le catalogue de la vente Loliée mentionne deux chapitres des Temps héroïques conservés dans des collections publiques : « Mouvement moderne » à la bibliothèque d’Orléans, et « Art nègre » au fonds Gompel-Netter de la BnF. Après consultation, ils ne constituent pas à proprement parler des parties originales du manuscrit, mais des notes et des articles préparatoires.