Roquebrune, 15 octobre [1955].
2 p. en 1 f. (210 x 270 mm). Encre bleue.
Romain Gary s’adresse à Gérard Gaussen, consul de Venise, pour que ce dernier l’aide à trouver un poste à sa convenance, après celui de New York et le désaveu de Londres.
« Mon cher vieux,
Je vous écris pour tenter, comme on dit, de m’orienter – voilà un mois que je n’ai plus eu de communication au Département – mais Lagarde, de New York, vient de me téléphoner pour me dire qu’‘on pense toujours à vous pour Venise, à condition de trouver quelque chose pour Gaussen’. Je pense que vous savez peut-être où vous en êtes alors que je ne sais où j’en suis – comptez-vous passer une saison encore à Venise ? (Dieu ! Que je vous comprendrais) ? Ou avez-vous, a-t-on, un poste en vue de votre choix ? Pourriez-vous m’en dire un mot, car voilà trois mois que je suis à Roquebrune, et il est temps de songer au bifteck… Si votre départ vous paraît très lointain, dites-le-moi, et j’accepterai le cœur gros de retourner à New York, avec Lagarde, qui est d’ailleurs fort gentil. J’espère que je ne vous ennuie pas trop avec ma requête. Je compte rester à Roquebrune encore quelques temps, et mes projets dépendront dans une large mesure de votre réponse… Je vous remercie pour votre si aimable accueil de ma femme – qui a été très touchée. Présentez mes hommages à votre si belle et charmante épouse, et croyez-moi, mon cher Gaussen, votre fidèle ami. Romain Gary. »
Hoppenot a été remplacé par Jean de Lagarde dans le courant de l’année 1954 et Gary est sur un siège éjectable : il va d’abord être nommé premier secrétaire à l’ambassade de Londres, fin décembre, avant d’être libéré du poste, en partie parce que l’ambassadeur en poste, Jean Chauvel, refusera sa présence. S’ensuit une période d’incertitude, qu’il passe avec Lesley Blanch à Roquebrune. D’après la biographie d’Anissimov et d’autres témoignages, l’écrivain traverse alors un épisode mélancolique grave, conduisant même à une hospitalisation. Gérard Gaussen occupera quant à lui le poste de consul à Venise de 1950 à 1956, avant de rejoindre, comme Gary treize ans plus tôt, Berne (1962-1964), puis New York, à partir de 1972, comme consul général. Gary obtiendra in fine le poste de consul à Los Angeles, à partir de février 1956.
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