Carte autographe à Christel Söderlundh

Romain Gary

Carte autographe à Christel Söderlundh

« Base aérienne d’Avord, 31 décembre 1939 ».
1 carte de vœux (110 x 60 mm), illustrée d’un aviateur jetant des bouquets de fleurs depuis son avion.

 

Poignante lettre d’adieu à son amour niçois perdu.

« Ce soir, je me penche sur mon passé – qui fut notre passé – et je constate tristement que je ne suis pas encore arrivé à tourner la page. Alors, je t’écris ce billet, sans espoir et sans fièvre, comme on frappe à la porte d’une maison vide. Pourquoi ? Je ne sais. Je sens qu’il n’y a personne, personne, derrière la porte. Je n’attends rien. Mais ce soir, les souvenirs s’attaquent furieusement à moi… Et je suis faible avec ces souvenirs, si faible ! Je ne peux rien contre eux. Ils m’envahissent. Ils me jettent à genoux. Ils me frappent sur la tête. Ils me prennent à la gorge… Adieu ».

Romain Gary rencontre la jeune femme à Nice, en 1937 : Christel Söderlundh, 21 ans, est alors mariée au musicien et compositeur suédois Axel-Bror Söderlundh, tandis que la jeune femme est journaliste pour le Stockholm Hödlingen. Gary est étudiant en droit et vit péniblement de petits boulots entre Paris et Nice. Il passe avec elle « des journées et des nuits inoubliables… [Il a] cette fille dans la peau », écrit-il à son ami de lycée Sigurd Norgberg fin août 1937. Cette émouvante carte est envoyée alors que Gary se trouve deux ans plus tard sur la base militaire d’Avord, près de Bourges. Incorporé à Salon-de-Provence en novembre 1938, il est élève observateur à l’École de l’air berrichonne qui forme alors la fine fleur de l’aviation française. Breveté mitrailleur le 1er avril 1939, parmi trois cents élèves, il sera  le seul, en raison de ses origines étrangères, à ne pas être nommé officier, ce qu’il vivra comme une profonde injustice. L’autre injustice qu’il ressent, c’est de n’avoir pu revoir Christel, qu’il souhaite reconquérir, à l’occasion d’un voyage à Stockholm pendant l’été 1939. Elle est venue le voir à Nice, en mars, avant de regagner sa patrie.

Ces mots poignants sont les derniers de Gary à Christel avant la guerre : seules deux lettres, d’après-guerre, sont connues, la dernière dans laquelle il lui précisera qu’il a « uni en un seul [le personnage de Brigitte dans La Promesse de l’aube] plusieurs personnages, et les deux dames qui m’ont déjà écrit pour dire qu’elles se sont reconnues dans Brigitte se trompent toutes les deux. »

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