Mon arrestation du 26 août. Lettre inédite suivie des Etrennes philosophiques 

Paris, Jean Hugues, coll. « le cri de la fée », (26 août) 1959
1 vol. (100 x 150 mm) de 43 p., [1] et 1 f. Maroquin à encadrement noir, plats velours ornés d'un décor mosaïqué par la lettre, titre doré, tête dorée, couvertures et dos conservés, chemise et étui (reliure signée de P.-L. Martin, 1961).
Édition originale.
Avec un double frontispice de Hans Bellmer. 
Un des 68 premiers exemplaires sur vergé pur chiffon avec le double frontispice signé, justifiés et signés par l'éditeur (n° XI), celui-ci hors commerce.
Poursuivant l'entreprise éditoriale de Maurice Heine, Gilbert Lely publie ici deux lettres du marquis de Sade : l'une inédite et autobiographique, l'autre philosophique et depuis longtemps introuvable. Pour illustrer cette chaste plaquette, il fait curieusement appel au plus érotique des peintres surréalistes, Hans Bellmer,qui signa naguère le frontispice de Justine ou les Malheurs de la vertu, préfacé par Georges Bataille (1950). « Je n'ai plus de charge, je n'ai plus de procès ; qu'importe mon existence ! », se lamente le seigneur de La Coste, en septembre 1778. La cause de son désespoir ? ses démêlés avec la Justice ou plutôt l'arbitraire des lois d'Ancien Régime. Souvenons-nous: à la demande d'une famille, il était aisé d'incarcérer voire d'exiler un de ses membres perturbateurs sans le moindre jugement; une simple lettre de cachet suffisait ! C'est ainsi que Sade fut arrêté le 13 février 1777 et enfermé au fort de Vincennes. Un arrêt de la cour de cassassion d'Aix-en-Provence l'innocente en juin 1778; remis en liberté, il apprend que la lettre de cachet est réactualisée ! Par qui ? Mystère. Il s'enfuit à La Coste où les hommes de l'inspecteur Marais l'arrêtent dans la nuit du 26 août. 
Dans sa prison, il n'a d'autre exutoire que la correspondance, (le temps de la création est à venir), pour laisser libre-cours à ses récriminations. Et, qui, mieux que sa femme, aimante et complice, serait à même de les recueillir ? Pareille destinataire nous vaut une lettre circonstanciée sur son persécuteur, les infortunes de la calomnie et du complot, les inconcevables conditions de détention. Une lettre véhémente mais dont la virtuosité trahit, au plus profond de la crise, une indéfectible énergie... Quatre ans plus tard, elle ne s'est pas altérée et c'est avec brio et allégresse que le prisonnier ébauche, en guise de lettre de voeux, sa philosophie naturaliste et épicurienne: « Jouis et ne juge pas ! (...) Tu veux dogmatiser sur le vice et la vertu tandis qu'il t'est impossible de me répondre lequel est le plus avantageux pour l'homme, lequel convient le mieux à la nature. (...) Je te pardonnerai d'être moraliste quand tu seras meilleur physicien » ! Belle esquisse d'un gai savoir, non ? 
Magnifique exemplaire, finement relié par Pierre-Lucien Martin.
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