Bruxelles, Alliance typographique (M.-J. Poot et Compagnie), 1873
1 vol. (122 x 185 mm) de [53] p., dont la couverture et [17] pages non imprimées : 3-4, 13-14, 18-20, 27-28, 37-38, 42-44, 47-48 et 50]. Maroquin janséniste rouge, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tranches dorées sur témoins, doublures de maroquin noir, gardes de moire rouge, couverture conservés, étui bordé (reliure signée d'Alix).
1 vol. (122 x 185 mm) de [53] p., dont la couverture et [17] pages non imprimées : 3-4, 13-14, 18-20, 27-28, 37-38, 42-44, 47-48 et 50]. Maroquin janséniste rouge, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tranches dorées sur témoins, doublures de maroquin noir, gardes de moire rouge, couverture conservés, étui bordé (reliure signée d'Alix).
Edition originale.
Seule édition et seul volume de poèmes publié du vivant de Rimbaud.
Seule édition et seul volume de poèmes publié du vivant de Rimbaud.
Elle donne les pièces suivantes :
• [Courte préface]
• Mauvais Sang
• Nuit de l’Enfer
• Délires I – Vierge Folle - L’Époux Infernale
• Délires II – Alchimie du Verbe
• L’Impossible
• L’Éclair
• Matin
• Adieu
Nous ne reviendrons pas longtemps sur cette histoire connue de tous : Raymond Losseau qui se rend chez l'imprimeur Poot à Bruxelles, la descente à la cave, le ballot poussiéreux, le poële : « C’était en 1901 [décembre 1902, en fait]. Je recherchais un tirage à part de la Belgique judiciaire, recueil qui pendant soixante ans fut imprimé à Bruxelles (…) Vous comprendrez quelle fut l’émotion que ressentit le bibliophile lorsqu’il vit ce que contenait un ballot sali, maculé, couvert de poussières que parmi d’autres il venait de soulever : des centaines d’exemplaires de la Saison en Enfer de Rimbaud ! » Rimbaud n’avait pas payé sa facture. L’imprimeur avait gardé les ouvrages et son commis, Adrien-Roméo de Ghilage, qui était ouvrier au moment de la compositon, en 1873, était devenu le successeur de Poot, au 49 de la rue aux Choux.
Losseau numérote les premiers exemplaires qu'il distribue, à l'angle supérieur droit, à la plume, à ses amis et à quelques écrivains (Zweig, Rolland, Maeterlinck, Verhaeren), à quelques bibliothèques. Combien ? Le tirage originel fut d'un peu plus de 500 exemplaires ; Rimbaud en distribua quelques uns, généreusement cédé par l'imprimeur (moins de dix, que le poète offre à Paul Verlaine alors en prison, à Ernest Delahaye, à Ernest Millot, à Jean-Louis Forain, à Jean Richepin. Les "autres" ne sont pas connus). Ces exemplaires, pour le coup rarissimes, firent longtemps la fierté des bibliophiles et l'annonce de 1914 fit grand bruit en France : " la presse se gaussera des collectionneurs marris de voir leur exemplaire prétendument rarissime de la Saison perdre une bonne partie de sa valeur marchande" (J.-J. Lefèvre, in Sur Arthur Rimbaud, t. 3, année 1914). Losseau dit être reparti avec 425 exemplaires (le reçu, daté du 1er janvier 1903, fait état de 400 exemplaires). Paterne Berrichon, rapidement au courant de la "trouvaille", souhaite que Losseau, ni plus ni moins, brûle les livres qu’il avait trouvés. Il refuse ; ce qu'il détruira, en revanche, c'est la fable, le mensonge de l'autodafé qu'Isabelle et Paterne Berrichon avaient colporté depuis des années et souhaitent se voir poursuivre.
Losseau est mort en août 1949 et, en 1938, donnait l’affirmation de n’avoir jamais mis dans le commerce aucun exemplaire. En 1943, des exemplaires de Une saison en enfer» furent cependant cédés à un libraire bruxellois. Mais une partie seulement : Dans le bel hôtel particulier de la rue de Nimy, le coffre-fort de Léon Losseau abrite encore une partie de ces fameux exemplaires découverts en 1901. Ils sont soigneusement protégés, inaccessibles et inaliénables. Docteur en Droit de l'Université de Liège, docteur en Sciences politiques et administratives, avocat au Barreau de Mons, Léon Losseau ne plaida que pour défendre la cause des humbles et des déshérités. Avocat, bâtonnier, administrateur de sociétés, cet érudit jouit d'une aisance matérielle suffisante qui lui évite de passer ses journées au prétoire, préférant sa présence comme membre de nombreuses sociétés savantes. Philanthrope, mécène, bibliophile, collectionneur de médailles, il lègue, à sa mort, à la ville de Mons et à la Province de Hainaut sa maison, rue de Nimy, qui contient sa remarquable bibliothèque de près de 100 000 livres et périodiques !
Magnifique exemplaire parfaitement établi par Alix, en maroquin janséniste doublé.
Provenance : Bibliothèque Jean Lebrun (ex-libris) ; Bibliothèque Jérémie Lebrun (ex-libris) ; Jean E. Leclercq (ex-libris). Il fut exposé en 1992 par la Société des Bibliophiles et Iconophiles de Belgique (voir Catalogue "Belgique, terre d'accueil" n°76).
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