Les Busclats, 8 octobre 1968
1 vol. (170 x 215 mm). Reliure souple à la Vernier en veau naturel teinté violet estampé d'une eau-forte originale composée à partir des pages manuscrites de l'auteur, tranches dorées sur témoins à l'or blanc par Jean-Luc Bongrain, gardes de chèvre velours violet, chemise et étui entièrement bordé assortis, titre à la chinoise sur la chemise au film crème, par Claude Ribal (reliure signée de Louise Bescond, 2022).
1 vol. (170 x 215 mm). Reliure souple à la Vernier en veau naturel teinté violet estampé d'une eau-forte originale composée à partir des pages manuscrites de l'auteur, tranches dorées sur témoins à l'or blanc par Jean-Luc Bongrain, gardes de chèvre velours violet, chemise et étui entièrement bordé assortis, titre à la chinoise sur la chemise au film crème, par Claude Ribal (reliure signée de Louise Bescond, 2022).
Manuscrit autographe daté, signé et offert à Anne Reinbold.
Précieux manuscrit complet d'un des plus beaux recueils poétiques de René Char.
A la suite, jeu d'épreuves définitif et bon à tirer, signé et daté par René Char de 1969. Ces épreuves contiennent d'ultimes corrections autographes, principalement d'ordre typographiques, et quelques légères variantes au texte, dont une concerne un changement de mot : "ressaut" remplace un initial "écho" dans le poème Même si. Egalement, un paragraphe prévu pour clore le recueil est ici biffé : il n'apparaîtra pas dans le volume imprimé de l'édition donnée par GLM en 1969 : " Maintenant que nous sommes délivrés de l'espérance et que la veillée fraîchit ". Ces vers, d'un Char en proie au doute et aux première pensées de la mort, sont d''importance, puisque Char les conservera pour les intégrer dans son dernier recueil, Les Voisinages de Van Gogh (1985), enrichi d'un vers supplémentaire : " Maintenant que nous sommes délivrés de l'espérance et que la veillée fraîchit, nul champ sanglant derrière nous, tel celui que laisserait un chirurgien peu scrupuleux, au final de son ouvrage." Ce poème viendra clore le recueil est constitue le tout dernier vers publié de Char, quelques mois avant sa mort. Le poète, vingt-cinq plus tôt, décide donc de ne pas les conserver pour clore le Chien de coeur. L'heure n'est pas venue...
Ce manuscrit autographe est le seul connu du texte : il existe du Chien de coeur un autre manuscrit, dit "de travail" (Artcurial, mars 2014, n° 333), en partie d'une autre main ou sur feuillets dactylographiés - Char étant encore alité au début de l'été lorsqu'il entreprend l'écriture des premiers poèmes, tous composés entre juin et août à l'exception d'Outrages, composés par bribes entre 1944 et 1967.
Notre manuscrit est à l'évidence la version mise au propre du jeu de travail, afin de constituer les épreuves à venir.
Il est offert à Anne Reinbold, et daté "Les Busclats 8 octobre 1968 - Pour Anne, Anne ma présente. René Char", avec une photographie noir et blanc jointe de Reinbold, dans le jardin de la demeure de Lisle-sur-la-Sorgue.
Il est offert à Anne Reinbold, et daté "Les Busclats 8 octobre 1968 - Pour Anne, Anne ma présente. René Char", avec une photographie noir et blanc jointe de Reinbold, dans le jardin de la demeure de Lisle-sur-la-Sorgue.
En mai 1968, à l'écart des événements qui secoue la France, René Char fait une crise cardiaque, première d'une longue série d'accidents cardiovasculaires. Il évoque cette "expérience" dans le texte liminaire qui ouvre le recueil : " Dans la nuit du 3 au 4 mai 1968, la foudre que j'avais si souvent regardée avec envie dans le ciel éclata dans ma tête, m'offrant sur un fond de ténèbres propres à moi le visage aérien de l'éclair emprunté à l'orage le plus matériel qui fut. Je crus que la mort venait, mais une mort où, comblé par une compréhension sans exemple, j'aurais encore un pas à faire avant de m'endormir, d'être rendu éparpillé à l'univers pour toujours. Le chien de coeur n'avait pas geint."
Le recueil donne ensuite à lire six poèmes dont "Les Apparitions dédaignées", texte qui dénonce les absurdes distorsions de la société moderne, discrédite l'utilité de la science et assoit un peu plus le divorce entre l'homme et la nature :
"Les civilisations sont des graisses.
L'Histoire échoue, Dieu faute de Dieu
n'enjambe plus nos murs soupçonneux,
l'homme feule à l'oreille de l'homme,
le Temps se fourvoie, la fission est
en cours. Quoi encore?
La science ne peut fournir à l'homme
dévasté qu'un phare aveugle, une arme
de détresse, des outils sans légende. Au
plus dément : le sifflet des manoeuvres."
Tous les poèmes furent composés pendant l'été, aux Busclats, juste avant l'arrivée de Martin Heidegger, accueilli par René Char, fin août, puis finalisés à l'automne. René Char et Anne Reinbold ont habité ensemble dans la propriété du poète de 1965 à 1985, que le poète transforme à deux reprises.
Le tirage du recueil se limitera, pour les exemplaires sans la lithographie originale de Miro, à 790 exemplaires sur offset Roberstsau.
Un tirage numéroté constitue le tirage de tête : 95 exemplaires sur vélin d'Arches et six exemplaires sur vélin gris (I à VI), tous avec une lithographie en couleurs de Joan Miro, signée. Il existe en outre 15 exemplaires hors commerce sur divers papiers colorés : 7 vergé rose (A à G) et 8 sur vélin vert (H à O).
Reliure estampée de Louise Bescond, reprenant le manuscrit de Char délicatement composé sur les plats.
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