Paris, Gallimard, (15 janvier) 1959
1 vol. (115 x 185 mm) de 253 p. et [1] f. Demi-maroquin rouge à bandes, filets dorés sur les plats, contreplats et gardes de papier à décor, titre doré, tête dorée sur témoins, couverture et dos conservés (reliure signée de Leca).
1 vol. (115 x 185 mm) de 253 p. et [1] f. Demi-maroquin rouge à bandes, filets dorés sur les plats, contreplats et gardes de papier à décor, titre doré, tête dorée sur témoins, couverture et dos conservés (reliure signée de Leca).
Édition originale.
Un des 40 premiers exemplaires sur vélin de Hollande (n° 29).
Un des 40 premiers exemplaires sur vélin de Hollande (n° 29).
Zazie dans le métro est le dix-neuvième livre de Queneau, qui le fit enfin connaître auprès d'un plus large public. Cette notoriété nouvelle pour le co-fondateur de l'Oulipo s'explique peut-être par la totale et saisissante liberté de ton qui transparaît au travers du roman. A-t-on déjà vu en effet une fillette ponctuer chacune de ses phrases par de cinglants « mon cul » ? Confiée à un oncle chanteur de charme, Zazie découvre Paris du haut de ses jambes de nymphette, sans prendre - délicieux contrepoint du titre - le métro une seule fois. Cette « sorte de chef-d'oeuvre dans son genre fantasque », selon Nabokov, obtiendra le Prix de l'Humour noir à sa parution, avant que Louis Malle n'en réalise l'adaptation cinématographique bien connue l'année suivante, avec William Klein en conseiller artistique.
Zazie dans le métro reste ce roman insolent à l'égard de la belle langue française, en introduisant comme jamais auparavant un rapport irrespectueux au langage, aux com-mandements de la grammaire, de la syntaxe et de l'orthographe. Et dieu sait si Queneau aimait justement la langue, mais sans doute était-il guidé par l'idée que la littérature ne se prenne pas au sérieux ; qu'insolite et humour pouvaient y trouver également place et que, tout bien considéré, le langage soit en fait le personnage principal du récit. D'emblée, le fameux hapax qui l'ouvre - « Doukipudonktan » -, apparaît comme un mot étranger, d'autant qu'il fait suite à une épigraphe en grec. Tout lecteur passe ainsi d'une graphie illisible à une autre, avant de comprendre qu'il s'agit d'une phrase contractée et amalgamée en un seul mot bizarre qu'il lui faut donc aussi traduire. La jeunesse du personnage et la violence de son langage fonctionneront alors comme des armes d'une critique de la société et de valeurs dont il ne reste que les apparences, Zazie démasquant derrière les réflexions hypocrites les moeurs violentes de ses contemporains, avant de repartir aussi vite qu'elle était apparue, conformément à ce qu'annonçait l'épigraphe d'Aristote : ὁ πλάσαϚ ἠφάνισεν (« Celui qui l'avait faite l'a fait disparaître »).
Bel exemplaire.
19292
