Reçu signé de la manufacture de films pour
Cinématographes G. Méliès, fabricant B[revet]é
Cinématographes G. Méliès, fabricant B[revet]é
Paris, 5 novembre 1912
1 feuillet sur papier en-tête (270 x 210 mm), signé à l'encre par Georges Méliès avec l'avis de paiement émis par la succursale américaine.
1 feuillet sur papier en-tête (270 x 210 mm), signé à l'encre par Georges Méliès avec l'avis de paiement émis par la succursale américaine.
Georges Méliès avait envoyé son frère Gaston à New York pour y protéger les intérêts de la Manufacture de films du passage de l'Opéra et diffuser ses films, au sein de la " G. Méliès manufacturing & Cie " (GMMC), d'abord installée à Fort Lee, puis à Brookynn. Gaston Méliès (1852-1915) se lancera lui-même dans la cinématographie en septembre 1909 et ne produira pas moins de 240 films jusqu'en mai 1913, et en réalisera une quinzaine, dont les deux qui font l'objet des droits retrocédés à la maison-mère de Paris.
Il s'embarquera, en juin 1912, depuis la Californie pour un long périple de dix mois séjournant à Tahiti, en Nouvelle-Zélande, en Australie, à Java, à Singapour, en Cochinchine, au Cambodge et enfin au Japon, en y tournant l'un des premiers reportages géographiques jamais réalisés.
Le reçu signé de Georges Méliès, d'un montant de 370 francs, correspond au paiement des droits dus sur les ventes à New York de deux films : A Son's Example et Ghost of Sulphur Mountain. Ces deux films western muets étaient sortis, l'un en juin, l'autre en octobre, tournés par Gaston Méliès en Californie en début d'année.
Georges Méliès, quant à lui, vient alors de terminer le tournage de son dernière film, « Le voyage de la famille Bourrichon ». Entre 1896 et 1912, il aura réalisé 520 films dont il a été producteur, distributeur, scénariste, décorateur, metteur en scène et le plus souvent acteur principal ! Il perd sa femme quelques mois plus tard, en mai 1913, et décide de fermer définitivement ses deux studios. La diffusion de ses films aux Etats-Unis, ainsi que ceux produits par son frère, va lui assurer des revenus, alors que le Théâtre Robert-Houdin, comme tous les théâtres, fermera en 1914 pour cause de guerre. La situation se compliquera par la suite : face aux rouleaux compresseurs industriels et financiers américains, soutenus par Rockefeller et la banque Morgan, il ne fera hélas, pas le poids, refusant de s'y associer afin de préserver son indépendance, continuer à peindre des décors, inventer des escamotage et poursuivre un cinéma avant tout créatif et magique. En 1923, poursuivi par des créanciers, il doit revendre l'ensemble de la propriété familiale et tous ses films, vendus à des forains ou détruits. Ruiné, il est alors contraint d'habiter chez son fils et sa belle-fille et de reprendre le métier de vendeur de jouets à la gare Montparnasse, dans la boutique de sa seconde épouse Fanny d'Alcy.
Rare autographe du pionnier du cinéma.
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