Envoi signé : « à Dorothea et Max Ernst, affectueusement, Hélion, Nyc 45 ».
They shall not have me est le témoignage de Jean Helion sur son expérience de la captivité en Allemagne, depuis la défaite de juin 1940 jusqu’à son évasion en 1942. L’un des peintres les plus en vue dans le domaine de la peinture non figurative, Jean Helion quitte New York en janvier 1940 où il vit avec sa femme, Jean Blair : il souhaite ardemment participer à la Seconde Guerre mondiale, « peut-être parce que j’avais le sentiment de ne pas m’être assez battu pour l’empêcher », expliquera-t-il plus tard. Mais dès le 19 juin, aux confins de l’Eure-et-Loir et du Loir-et-Cher, il est interné dans une caserne désaffectée puis transféré en Poméranie. Il y découvre l’univers des camps de travail forcé, dont il s’évade le 13 février 1942. De retour aux États-Unis, il écrit et publie They Shall Not Have Me (Ils ne m’auront pas) où il dit la faim, la fatigue, la souffrance du corps, mais aussi la honte de l’humiliation et la culpabilité d’en être sorti vivant : « Nous n’étions pas seulement misérables, nous étions ridicules[…] Nous ne valions pas la peine d’être tués […] une faille s’est ouverte en moi qui ne se refermera jamais », faille qui changera définitivement sa manière de peindre. « Je voyais que l’abstraction la plus pénétrante ne pouvait plus incarner ce qui me troublait : une violente passion pour la vie, celle qui m’était alors refusée, les rues, les gens, les choses », dira-t-il en mars 1944, dans un entretien explicitement intitulé « Comment la guerre m’a fait peindre ». Il abandonne alors l’art abstrait pour l’art figuratif.
Précieux exemplaire du couple Dorothea Tanning et Max Ernst. Le peintre avait rencontré celle qui allait partager sa vie à New York en décembre 1942. Il découvre à la fois une femme et un tableau – le fameux Anniversaire – alors qu’il est chargé par la Julien Levy Gallery de New York de préparer une exposition de peinture réunissant trente femmes. Dorothea est l’une d’entre elles. Max Ernst vient d’arriver en Amérique, sur les traces de Peggy Guggenheim – dont Jean Hélion épousera la fille – après avoir difficilement quitté la France. Comme Jean Hélion, Max Ernst avait été interné entre 1941 et 1942, notamment au camp des Milles près d’Aix-en-Provence.
Rareté et provenance idéale.