C’est seulement en 2022 que le Studio Harcourt a mis au jour dans ses archives un ensemble de portraits inédits du général de Gaulle, datés de l’immédiat après-guerre. Deux poses solennelles, en uniforme : deux portraits « griffés » Harcourt, l’un montrant de Gaulle en pied, les bras le long du corps, l’autre bras croisés, mais dans un cadrage frontal et serré.
L’épreuve que nous présentons diffère de ces versions retenues pour le fonds : non griffée, elle constitue un tirage d’époque rarissime, probablement limité à quelques exemplaires, qui échappèrent à la diffusion officielle.
L’exhumation de ces clichés a conduit à des recherches plus approfondies dans les archives Harcourt, permettant d’identifier plus d’une centaine d’autres portraits oubliés : 109 compagnons de la Libération. Ces découvertes ont donné lieu à une exposition récemment organisée (jusqu’en juin 2025) par le Musée de l’Ordre de la Libération, à Hôtel national des Invalide, qui éclaire d’un jour nouveau le rôle de la photographie dans la mémoire visuelle de la Résistance et de la Libération.
Au sortir de la guerre, de Gaulle incarne la figure du chef de la France libre, puis du fondateur du Rassemblement du Peuple Français (RPF) en avril 1947. Ces portraits Harcourt participent de la construction d’une iconographie gaullienne où le studio, spécialisé dans les poses héroïques et dramatisées, confère au général une aura de monumentalité.
Témoignage rare de cette séance restée longtemps dans l’ombre, qui constitue un jalon important dans l’histoire visuelle du gaullisme et dans le corpus photographique d’après-guerre.