Un des 20 premiers exemplaires (après [2] chine) sur arches, signé par l’auteur et l’éditeur René Bertelé, (n° XV).
Envoi signé : « à Monsieur Robert Moureau, en hommage, Henri Michaux ».
Le premier et le grand livré illustré de Michaux : 12 lithographies de l’auteur, plus la couverture.
Précieux exemplaire de tête, avec une suite à grandes marges en trois états : sanguine, vert et safran, soit 36 planches, toutes sur vélin d’Arches.
Premier livre de peintre du poète, « Meidosems a une importance capitale dans l’oeuvre de Michaux par l’osmose qui s’établit entre le texte et les lithographies, dans un face-à-face où l’intégrité des deux formes d’expression est toutefois conservée » (Marie-Françoise Quignard). L’écriture de l’ouvrage intervint à un moment tragique de la vie de Michaux : la mort accidentelle de sa femme. De ce drame, il créé ces Meidosems, des êtres qu’il qualifie d’incertains : « On ne les a jamais qu’entr’aperçus. […] C’est avec tout son cousu qu’il découd, qu’il recoud, avec son manque qu’il possède, qu’il prend. […] Plus de bras que la pieuvre, tout couturé de jambes et de mains jusque dans le cou, le Meidosem. […] Meidosem, à la tête habitée d’arborescences, yeux crevés, regardant non par les yeux crevés, mais par le chagrin de leur perte et par la ténébrante souffrance… ».
Magnifique exemplaire de tête comportant, reliée à part et en reliure assortie, la triple suite, augmentée de deux lithographies originales, dont une sur double page, justifiées et signées au crayon par Henri Michaux. Ces lithographies supplémentaires, dites « refusées » ont été incluses dans une partie des exemplaires de tête, et annoncées dans le bulletin de souscription. Elles sont tirées sur vélin Johannot, à grandes marges et à l’identique des suites. Notre exemplaire détient deux des trois planches refusées, soit un total de 51 lithographies originales. En justification, l’éditeur insiste sur le fait que « pour illustrer [l’ouvrage] Henri Michaux a exécuté pour la première fois douze lithographies à même la pierre ». Ce furent les seules lithographies exécutées par Michaux lui-même.
Il est joint le calque original de la maquette de Micheline de Bellefroid, au crayon et à l’encre (1 f. 180 x 245 mm). Cette reliure a été exposée la première rétrospective de l’artiste en Belgique (Bruxelles, Galerie Vendôme, 16-28 mars 1963), reproduite en couleurs sur l’affiche de l’exposition et dans la revue Chronique graphique (30 mars 1963, n° 169), puis prêtée à de nombreuses reprises dans toutes les grandes expositions consacrées à l’oeuvre de l’artiste : Grolier Club de New York (mai 1967), Galleria del Bel Libro à Ascona (21 juin-23 juillet 1968, Librairie Blaizot à Paris (18-29 octobre 1972, n° 17).
Important exemplaire du plus beau livre de l’auteur.
De la bibliothèque Robert Moureau & Micheline de Bellefroid (Vente, II, Paris, 2004, Pascal de Sadeleer exp., n° 460) ; Les Argonautes (catalogue 2010, Paris, n° 395).
Trésors de la Bibliothèque nationale de France, 2000, nº 92 : notice de M.-F. Quignard ; Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, nº 5 ; Mason-Cherix, Henri Michaux. Les estampes, 1948-1984 : n°1-13 et 14-16 ; Jean Toulet, Georges Leroux | Daniel Filipacchi, Bibliothèque Nationale, 1990 ; Grisay, 89 ; M. Imbert, Les Livres illustrés, 1993, n° 13 ; M. Imbert, Biblio, 1994, n° 33 ; Talvart & Place, XV, 16.