Tirage à 500 [258 en réalité] exemplaires (n° 106).
Ce recueil réunit quatorze poèmes répartis en deux ensembles, séparés par la date fatale du 28 novembre 1946, jour de la mort soudaine de Nusch, l’épouse du poète. Le texte inaugural, d’une intensité bouleversante, enregistre le drame :
« Vingt-huit novembre mil neuf cent quarante-six.
Nous ne vieillirons pas ensemble.
Voici le jour en trop : le temps déborde.
Mon amour si léger prend le poids d’un supplice. »
Éluard choisit pour ce livre le pseudonyme de Didier Desroches, dont il avait révélé l’existence à Gala quelques jours plus tôt, le 25 novembre, affirmant vouloir « recommencer entièrement [sa] vie poétique. J’en ai assez de mes poèmes que l’on achète de confiance pour la signature ». Nusch était la seule à partager ce secret ; la mort la frappant trois jours après, le poète n’emploiera ce nom qu’une seule fois, faisant de ce recueil un ultime hommage à sa muse et compagne de dix-sept années.
Tirage annoncé à 500 exemplaires, mais en réalité limité à 258 exemplaires seulement (n° 106). Le papier nécessaire pour l’impression fut offert par Gallimard, mais la pénurie de l’après-guerre empêcha un tirage complet : Éluard note lui-même dans l’exemplaire qu’il offre à Valentine Hugo que « l’on ne put tirer que 258 exemplaires et non 500 l’annonce l’achevé d’imprimer ».