Un des 19 exemplaires sur vélin de hollande (n° XXIV).
Gilbert est le héros de L’Ordre, publié deux ans plus tôt et couronné cette année-là par le prix Goncourt.
Le personnage créé par l’auteur l’a poursuivi : Gilbert, cet adolescent anxieux face à une société qu’il hait et entend combattre, Arland souhaite continuer de le faire parler : se seront d’abord ces Carnets, qu’il demande à Georges Rouault d’illustrer ; suivront, après une nouvelle édition augmentée en 1944, d’autres carnets (en 1960 et en 1965) qui forment, écrit Jean Duvignaud, un « dialogue saisissant entre le romancier et son héros », lequel deviendra un prête-nom où l’auteur, dans les deux derniers Carnets, sera le seul à parler sans cesser pour autant de convoquer son compagnon de jeunesse à sa parole.
« Les Carnets de Gilbert [furent] une sorte de collaboration. De là, à peine un livre, une cinquantaine de pages – mais qui me devinrent précieuses par la grâce d’un nouveau collaborateur. Pourtant, ces planches que composa Rouault, si je les trouvais admirables, je me suis d’abord étonné du sens qu’elles imposaient à mes notes. Je ne m’en étonne plus maintenant que trente ans ont passé. Tandis que j’écrivais en marge d’un roman, Rouault semble avoir prévu une histoire beaucoup plus longue, et sans fiction » (in M. Arland, La nuit et les sources, Paris, Gallimard, 1968, p. 170).
Très bel exemplaire, en parfait tirage des eaux-fortes de Rouault, dans un délicate reliure de Patrice Goy titrée par Claude Ribal.
Isabelle Rouault et François Chapon, 359 ; Carteret IV, 48 ; Monod 470 ; Skira 314 ; Rauch 151 ; The Artist & the Book, p.181. « Despite frequent descriptions of these color plates as reproductions, they are original etchings, as recorded in the colophon. The single black lithograph and the etching on the title-page demonstrate Rouault’s mastery of black as a positive color value. »