Paris, Claude Barbin, (16 mars) 1673
1 vol. (85 x 145 mm) de [5] f. (titre, préface, privilège) et 81 p. Maroquin rouge, dos à nerfs, double filet à froid et devise sur les plats, fine dentelle intérieure, filet sur les coupes, tranches dorées (reliure signée de Capé).
Édition originale.
L'exemplaire d'Auguste Poulet-Malassis, André Schück puis Pierre Bergé.
Cette tragédie en cinq actes et en vers a été créée à Paris au théâtre de l'hôtel de Bourgogne en janvier 1673 : les premières représentations furent autant de triomphes, à Paris comme à la cour, permettant à Racine, quelques semaines avant la mort de Molière, d'accéder à une sorte de "royauté littéraire", Racine venant par ailleurs d'être élu le 12 janvier à l'Académie française. C'est pour Voltaire " le chef d'oeuvre de la scène française". La pièce succède à Bajazet et précède Iphigénie dans l'oeuvre de Racine ; c'était la tragédie de Racine que Louis XIV préférait et elle est dédiée à Colbert, lequel «  l'avait pas jugée tout à fait indigne de votre approbation. mais ce qui fait son plus grand mérite auprès de Vous, c'est monseigneur, que vous avez esté témoin du bonheur qu'elle a eu de ne pas déplaire à Sa Majesté » (in Epistre).
Bel exemplaire de belle provenance : c'est celui d'Auguste Poulet-Malassis. Délicatement relié par Capé, il est orné du premier ex-libris de célèbre éditeur de Baudelaire : PAUCI, BONI, NITIDI, frappé dans un triangle au centre du premier plat - que l'on pourrait traduire par "peu, bons et très purs". Il choisira par la suite un ex-libris papier, à partir de 1858, avec cette la fameuse devise "Je l'ai !"
Un troisième suivra, celui d'un coq avec la devise "Cantabit qui cantavit".
Les exemplaires portant ce premier ex-libris sont d'une grande rareté : nous n'avons pu en localiser qu'une poignée. Elles marquent l'époque du Poulet-Malasiss parisien et chartiste : " les quais lui réservaient des trouvailles et c'est de ce temps aussi que datait [sa] fort jolie collection d'éditions originales des classiques [auxquelles] il fallait un écrin digne de les enchâsser, et le bouquin échappé aux mains ignares passait de la boîte à cinq sols chez les plus habiles tailleurrs du temps, Bauzonnet, Capé, Lortic, qui débutait à peine ; au sortir de leurs officines, chacun portait la marque "Pauci, Boni, Nitidi" (...) Cette première bibliothèque fut sacrifiée, de 1860 à 1868, aux cruelles exigences de la déveine et dispersée par Techener" (Tourneux, Auguste Poulet-Malassis, 1893, p. 7). 
Malassis n'en conserva que deux : une édition de l'an IX des Fables de La Fontaine et un exemplaire des Epistres morales du sieur de Luzy, toutes deux imprimées par l'un de ses ancêtres. Philippe Burty, dans sa Notice bibliographique (p. IV) consacre également quelques sur l'origine de cette première devise (cité par Oberlé, 376). 
On joint à l'exemplaire une fiche autographe du collectionneur André Schück, au sujet de cet ex-libris, dont il prend connaissance grâce à cet exemplaire, lorsqu'il passe en vente publique en avril 1975, à Paris, et qu'il acquiert. Il est enfin ensuite passé dans la collection de Pierre Bergé, dont il porte l'ex-libris. 
Petite restauration en pied des cinq premiers feuillets.
Le premier feuillet blanc n'a pas été conservé.
Tchemerzine-Scheler V, 343. ; Guibert, bibliographie des Oeuvres de Jean Racine, pp. 69-73 ; Le Petit, 368.
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