Veules-en-Caux, s.d. [circa 1879].
Photographie originale (148 x 107 mm) légendée en marge inférieure : « à Veules. V.or Hugo et sa famille - P. Meurice». Tirage argentique sur papier albuminé. Encadré.
Photographie originale (148 x 107 mm) légendée en marge inférieure : « à Veules. V.or Hugo et sa famille - P. Meurice». Tirage argentique sur papier albuminé. Encadré.
Rare document photographique représentant Victor Hugo et Juliette Drouet ensemble.
Elle est particulièrement émouvante, et signifiante. Ils sont accompagnés, à droite, par leur hôte, Charles Meurice. Les deux autres personnes sont Alice et Jeanne Hugo - veuve et fille de Charles Hugo, mort en 1869.
Ces trois femmes furent celles avec qui Victor Hugo passa la plus grande partie de son temps, pour ses dernières années, avec les visites qu'il fit à sa fille Adèle, internée à Saint-Mandé. Les nombreux drames qui frappèrent la famille Hugo ne laissa autour du poète que ce cercle restreint, augmenté de Georges, le grand frère de Jeanne. Hugo et Drouet séjournèrent à deux reprises ensemble chez Paul Meurice, dans le village de Veules (Premier séjour fin août début septembre 1879, second séjour début septembre 1882). Ils demeuraient dans un pavillon annexé à la villa que Paul Meurice avait fait construire face à la mer. A chaque fois, le couple se rendaient aussi chez Auguste Vacquerie à Villequier.
Nous n'avons pu recenser qu'un seul autre document photographique similaire : une photographie prise, à la même époque, à Hauteville House (en 1879). Paul Meurice y figure également, ainsi que les enfants et deux autres personnes non identifiés. Elle est conservée à la maison Victor Hugo à Paris. Les deux amants se rencontrèrent pour la première fois le 2 janvier 1833, lors de la lecture que le poète donna de sa pièce Lucrèce Borgia aux acteurs de la Porte-Saint-Martin dont Juliette faisait partie. Elle obtient et triomphe dans le rôle de la princesse Negroni.
Devenue sa maîtresse, Juliette Drouet est sommée de choisir entre les planches et son amant lors d'un « mariage » mystique (nuit du 17 au 18 novembre 1839). La suite est connue. A distance, ou très proche, elle resta jusqu'à sa mort, survenue deux ans avant celle d'Hugo, dans le sillage de son bien-aimé, le suivant jusque dans son exil. Elle travaillait sur la petite table par lui offerte en 1855 où il composa La Légende des Siècles, elle s'occupa de la mise au propre des Misérables, et sa maison fut souvent le lieu où Hugo déposait des malles de manuscrites et d'inédits. A part une tentative de rapprochement, dans un exemplaire de Victoir Hugo raconté par un témoin de sa vie qui lui est dédicacé (1863), Adèle Hugo resta à distance, après avoir essayer de s'opposer à cet amour au long cours. Adèle disparue, le couple resta discret mais voyagea davantage « à découvert » ; les fils de Hugo, déjà familiers de la maison de Juliette pendant la période de l'exil continuèrent de la visiter. Les intimes, Auguste Vacquerie et Paul Meurice, la reçurent dans leurs maisons de villégiature.
Paul Meurice devint très tôt le familier du poète. Dramaturge, journaliste, il sera l'exécuteur testamentaire de l'oeuvre et le responsable en 1904 de la monumentale édition dite «de l'Imprimerie nationale» (Paul Ollendorff puis Albin Michel éditeurs, 45 volumes) des OEuvres complètes de Victor Hugo. ll fit construire à Veules une villa au bord de l'eau où Hugo vint plusieurs fois profiter du charme de la campagne et de la mer proche de la capitale. Veules garde le souvenir de son passage, une stèle à son effigie le représente, ainsi que Paul Meurice mais bien entendu Juliette Drouet n'y figure pas. Même à l'heure des cérémonies et des choses officielles, c'est-à-dire le jour des obsèques de Juliette Drouet, le 11 mai 1883, Hugo fut dissuadé d'y assiter. Auguste Vacquerie prononça son éloge funèbre. «[...] le souvenir le plus vivant qui est resté de Victor Hugo fut le banquet qu'il offrit aux cent gamins les plus pauvres de Veules le 24 septembre 1882. L'évènement fut d'ailleurs relaté dans la revue l'Illustration du 7 octobre 1882. La fête eut lieu un beau dimanche ensoleillé. Le poète auréolé de son imposante chevelure blanche fit son entrée à l'hôtel Pelletier, place du marché, suivi de ses jeunes convives, lavés et peignés soigneusement pour la circonstance. La plus jeune des participantes avait trois ans et huit mois, elle était assise à côté de l'hôte, faisant d'abord preuve de la retenue d'usage, elle devint de plus en plus familière avec le poète ; lui tirait la manche, déroba son pain, but son verre puis fatiguée utilisa son épaule pour oreiller.»
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petites déchirures en marge inférieure.
petites déchirures en marge inférieure.
