Paris, Éditions de la Nouvelle Revue française, (avril) 1914
2 vol. (145 x 225 mm) de 282 p., 1 et [1] f. ; 293 p. et [5] f. Bradel de demi-toile noire, dos lisse, pièce de titre noire, titre doré, couvertures conservées.
2 vol. (145 x 225 mm) de 282 p., 1 et [1] f. ; 293 p. et [5] f. Bradel de demi-toile noire, dos lisse, pièce de titre noire, titre doré, couvertures conservées.
Édition originale.
Un des 500 premiers exemplaires sur vergé d'Arches (n° 172).
L'un des livres les plus célèbres de Gide fut aussi l'un de ceux qui lui coûta le plus à écrire. Son projet remontait à 1893, des indications sur les personnages commencent à apparaître dans le Journal dès 1905 et Gide en commence la rédaction en 1911. Le travail avance difficilement comme l'atteste le brouillon extrêmement raturé. Enfin, le 24 juin 1913, l'auteur confie à son Journal : « Achever hier les Caves. Sans doute, il me restera beaucoup à reprendre encore après que je l'aurai donné à lire à Copeau et sur les épreuves. Curieux livre ; mais je commence à en avoir plein le dos et par-dessus la tête. Je ne me persuade pas encore qu'il est fini, et j'ai du mal à m'arrêter d'y songer. » En effet, après avoir rendu sa copie, il doit s'y atteler à nouveau. Copeau a lu. Lu et corrigé. Pendant l'été de 1914, Gide se plaint : « Mes heures les meilleures, je les emploie à mettre au point les passages des Caves dont Copeau ne s'est pas montré satisfait ; j'y ai beaucoup de mal et n'y parviens qu'avec un énervement sans nom. » Le résultat sera à la hauteur de l'effort fourni.
Pour la trame de son récit, Gide était parti d'un fait divers sordide, une sombre histoire d'escroquerie qui en 1892 défraya un temps la chronique. A Lyon, des escrocs avaient fait croire à des gens trop crédules, et pour leur soutirer quelque argent, que le pape Léon XIII était retenu prisonnier par des cardinaux francs-maçons dans les caves du Vatican. De cette invraisemblable aventure, Gide avait gardé dans ses documents des articles de journaux et des affiches ; il ne lui restait qu'à écrire. On en a surtout retenu le fameux «acte gratuit» dot Gide a dû se défendre d'avoir voulu faire l'apologie: «Mais non, je ne crois pas, pas du tout, à un acte gratuit. Même, je tiens celui-ci pour parfaitement impossible à concevoir, à imaginer»
Jacques Vaché et André Breton, qui prétendaient n'avoir que faire de la littérature, saluèrent en André Gide ce créateur de Lafcadio, personnage nihiliste qui « ne lit pas et ne produit qu'en expériences amusantes comme l'ASSASSINAT ». Loin du scepticisme qui retint Gide de se laisser emporter par la vague de conversions au catholicisme ; la même qui engloutit Paul Claudel ou Francis Jammes, puis Jacques Copeau, dédicataire des Caves ou encore Paul-Albert Laurens, l'ami-peintre complice du voyage en Afrique du Nord et auteur du portrait d'André Gide qui figure en frontispice de cette édition.
Bon exemplaire, très frais.
17309