Paris, Julliard, (8 janvier) 1963.
1 vol. (135 x 195 mm) de 265 p. et [3] f. Toile verte de l’éditeur estampée à froid.
Édition originale numérotée (n° 228 R).
Elle paraît la veille de l’édition Julliard, datée du 9 janvier.
La Planète des singes est directement inspirée des travaux de Charles Darwin et des romans Le Règne du gorille de Lyon Sprague de Camp (1941) et des Animaux dénaturés de Vercors (1952). Boulle y mêle la découverte de la théorie de la relativité restreinte d’Einstein, expliquant la dilatation du temps et le retour sur terre dans un futur lointain. Les théories évolutionnistes sont présentées dans le chapitre II de la deuxième partie : « Nous savons qu’elles [Les espèces] ont eu probablement toutes une souche commune. […] Singes et hommes sont des rameaux différents, qui ont évolué, à partir d’un certain point, dans des directions divergentes, les premiers se haussant peu à peu jusqu’à la conscience, les autres stagnant dans leur animalité. » L’évolution artificielle des singes et la déchéance des hommes sont quant à elles révélées au chapitre 8 de la troisième partie : « Il [un singe] était chez moi depuis des années et me servait fidèlement. Peu à peu, il a changé. Il s’est mis à sortir le soir, à assister à des réunions. Il a appris à parler. Il a refusé tout travail. Il y a un mois, il m’a ordonné de faire la cuisine et la vaisselle. […] Une paresse cérébrale s’est emparée de nous [les hommes]. Plus de livres ; les romans policiers sont même devenus une fatigue intellectuelle trop grande. […] Pendant ce temps, les singes méditent en silence. Leur cerveau se développe dans la réflexion solitaire… et ils parlent. »
Dans son récit, Boulle imagine que l’évolution naturelle déchoit l’homme de sa prééminence sur les autres espèces vivantes au profit des singes. L’idée lui est venue lors d’une visite au zoo, en observant les gorilles. Il dit à ce sujet : « J’étais impressionné par leurs expressions quasi-humaines. Cela m’amena à imaginer ce que donnerait une relation homme/singe. Certains croient que j’avais King Kong en tête lorsque j’ai écrit mon livre, mais c’est totalement faux. »
Dans le roman, le héros porte le nom quelconque voire ridicule d’Ulysse Mérou, loin de l’adaptation américaine, où le majestueux Charlton Heston campe le capitaine George Taylor. Fi également de la célèbre chute du film et la statue de la Liberté dévastée : c’est à Orly, avec vue sur la Tour Eiffel, que s’achève le roman. Et la planète des singes, si elle existe bien, n’est pas la planète Terre. Ici, tout cela n’existe pas, mais la fin imaginée par Pierre Boulle est tout aussi efficace et surprenante !
Tâches marginales aux pages 123, 125 et 127.
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