Les Animaux et leurs hommes
Les hommes et leurs animaux
Les hommes et leurs animaux
Paris, Au sans pareil, (10 janvier) 1920
1 vol. (140 x 200 mm) de 44 p. et [2] f. Demi-chagrin havane à coins, dos lisse, titre doré en long, tête cirée, couvertures conservées (reliure signée de Flammarion-Vaillant).
1 vol. (140 x 200 mm) de 44 p. et [2] f. Demi-chagrin havane à coins, dos lisse, titre doré en long, tête cirée, couvertures conservées (reliure signée de Flammarion-Vaillant).
Édition originale.
Un des 550 exemplaires sur vélin d'alfa (n° 243).
Envoi signé : « Noll, dormez tout doucement, Paul Eluard ».
Précieux exemplaire offert à un compagnon es-lettres, Marcel Noll, enrichi d'un feuillet (210 x 270 mm) contenant croquis et dessins représentant hommes et animaux, voire un mélange des deux. Le feuillet est signé en pied, " Paul Eluard ".
Un des 550 exemplaires sur vélin d'alfa (n° 243).
Envoi signé : « Noll, dormez tout doucement, Paul Eluard ».
Précieux exemplaire offert à un compagnon es-lettres, Marcel Noll, enrichi d'un feuillet (210 x 270 mm) contenant croquis et dessins représentant hommes et animaux, voire un mélange des deux. Le feuillet est signé en pied, " Paul Eluard ".
Un personnage est représenté, avec divers portraits inachevés, dont trois personnages mi-hommes, mi-animaux (oiseaux ou poissons ?), ainsi que divers croquis. Éluard aura souvent réalisé des figures d'hommes-oiseaux ou poissons, thèmes chers aux surréalistes, qui l'utilisent encore plus périodiquement à partir de 1924 dans leur revue. Dans le numéro 10 de la revue Le Minotaure, paru à l'hiver 1937, c'est l'étonnant dessin de Man Ray intitulé « La femme et son poisson » qui figure dans l'encart publicitaire annonçant la parution des Mains libres, le recueil d'Éluard qu'illustre Man Ray. On peut en tout cas constater que cette thématique du poisson s'inscrit dans le droit fil du bestiaire surréaliste. Dès le premier numéro de la revue La Révolution surréaliste, le 1er décembre 1924, on trouvait en effet en quatrième de couverture un dessin équivalent. Les images aquatiques abondent dans les récits de rêve ou les productions automatiques, et on peut rappeler le titre « Poisson soluble » qu'avait choisi André Breton en 1924 pour accompagner la parution du Manifeste du surréalisme. Le thème de la femme-sirène, naïade ou ondine, est récurrent dans la poésie autant que dans la peinture surréaliste. Jusqu'à la biographie même d'André Breton qui concourt à amplifier l'importance de cette image : on sait que Jacqueline Lamba, sa deuxième épouse, se produisait nue dans un aquarium géant de Montmartre, le Coliseum, en dansant sous l'eau.
Les Animaux et leurs hommes est le premier recueil de Paul Éluard où se manifeste l'influence de Dada, rédigé quelques mois après sa rencontre avec André Breton ; il marque la véritable entrée d'Eluard dans le groupe Dada parisien et contient le premier manifeste littéraire d'Éluard : « Et le langage déplaisant qui suffit aux bavards, langage aussi mort que les couronnes à nos fronts semblables, réduisons-le, transformons-le en un langage charmant, véritable, de commun échange entre nous. »
auquel Éluard avait offert Le Devoir et l'inquiétude, trois ans plus tôt, avec cet envoi déjà onirique : « à Marcel Noll, pour que la phrase prédominante s'abaisse au silence ». Le personnage reste pourtant mystérieux : partout présent dans les premières manifestations du mouvement surréaliste, il collabore aux revues publiées par le groupe, puis à L'Humanité et fréquente assidument l'atelier de Simone Kahn, que Breton épouse en août 1921. C'est à leur contact qu'il rencontre la cousine de Simone Kahn, Denise Lévy, dont il tombera éperdument amoureux. La notice de Marguerite Bonnet, pour les notes de l'édition Pléiade, énumère la collaboration de Noll à La Révolution surréaliste (n° 1, décembre 1924) et son rôle de gérant de la Galerie surréaliste en 1926. Dix ans plus tard, Noll « aurait disparu en Espagne durant la guerre civile ». (Pléiade, O.C., p. 1194-1195). Entretemps, Louis Aragon lui aura dédié le chapitre III du Paysan de Paris (1926), André Breton le poème « L’Aigrette » dans Clair de terre (OC I, p. 183) et, dans Nadja (1928) raconte comment, un jour de 1926, il se rend « avec Marcel Noll au “marché aux puces” de Saint-Ouen… » : curieusement, pour la réédition de Nadja en 1962, Breton supprimera le nom de Noll (OC I, p. 676) de ce passage, sans que l'on sache pourquoi. Marguerite Bonnet s’efforce de justifier cette suppression (p. 1538), en expliquant le fait que le nom de Noll, disparu assez tôt du surréalisme et dans des circonstances quelque peu troublantes, ne signifie plus grand-chose pour les lecteurs qui ne connaissent que de façon générale l’histoire d’un mouvement auquel il n’a pas laissé d’œuvre. " Cette explication est insuffisante ; les raisons de Breton sont d’ordre personnel – liées à son propre passé, et non pas objectives. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas un lecteur supposé de 1962, mais le face à face au lecteur de Breton lui-même qui détruit un morceau de son propre passé. Même si Marcel Noll « n’a pas laissé d’œuvre » au sens de la tradition littéraire, il a laissé assez de traces existentielles dans la vie de Breton (les Lettres de Simone Breton) que dans ses textes de Breton pour qu’une tentative de les effacer en supprimant son nom de l’un de ces textes paraisse illusoire, aussi illusoire que d’essayer de manière non-critique de justifier cette dernière suppression " (Branko Aleksic, Amendements à l'édition des Oeuvres Complètes d'André Breton, in Mélusine).
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