Z

Jorge Semprun, Vassilis Vassilikos

Z

Ivry-la-Bataille et Paris, 1967.

1 vol. (205 x 265 mm) de [1] et 91 f., couverture crème titrée ” Z ” par Semprun

Tapuscrit original de l’adaptation du roman pour le film de Costa-Gavras.

Exemplaire Jorge Semprún.

Il est corrigé par ce dernier, avec une centaine de notes, repentirs, ajouts et variantes qui parsèment le document.

Plusieurs paperolles ont été contrecollées quand les corrections sont plus importantes.
Le document est daté en fin, « Ivry-la-Bataille [Eure] et Paris, 1967 ». 

Le film de Costa-Gavras raconte, en reprenant le roman de Vassilis Vassilikos, la période d’incubation du fascisme en Grèce, avant que la dictature militaire des colonels s’empare du pays. Le cinéaste accumule les témoins à charge, les pièces à conviction de ce brûlant dossier politique et déguise son réquisitoire en polar, sans négliger le suspense ni la tension dramatique.

Z sera le troisième long métrage de Costa-Gavras, et son premier « film-dossier », un genre dont il va devenir le spécialiste dans la décennie suivante avec des fictions politiques conçues comme des films policiers ou des thrillers (de L’Aveu à Amen en passant par Missing). C’est Jorge Semprun qui se chargera de l’adaptation et des dialogues – à la demande de Costa-Gravas, faisant suite à celle de Vassilikos.

Il s’agit ici de son jeu personnel de l’adaptation qu’il en proposa.

Semprún connaissait Costa-Gavras sans jamais avoir travaillé avec lui : « nous faisions partie d’un même cercle d’amis où l’on retrouvait Yves Montand et Simone Signoret. Costa-Gavras avait été impressionné par le livre de Vassilikos sur ce député grec de gauche éliminé par le pouvoir militaire. Il m’a proposé de l’adapter avec lui. Nous avons respecté l’intrigue mais modifié la structure du récit. Dans le livre, il y avait beaucoup de monologues intérieurs, de lyrisme. Costa voulait donner au film un aspect plus policier […]. Quand le scénario a été écrit, en 1968, nous n’avons trouvé aucun producteur. Nous avons reçu de vagues promesses ainsi qu’une petite avance, qu’il nous a d’ailleurs fallu rendre car ce que nous avions écrit déplaisait. Par chance, Mai 68 est passé par là, et la politique, qui n’intéressait personne dans le métier, a commencé à être mieux perçue. Le scénario a finalement pu être tourné sans la moindre modification. Mais Jacques Perrin a dû tout de même remuer ciel et terre pour monter la coproduction. Et Z a été un énorme succès dans le monde entier… » (entretien avec Olivier de Bruyn, in Télérama, juin 2011).

Vassilikos avait fait parvenir un exemplaire à Semprún, dès l’été 1967, ainsi dédicacé :

«  à Jorge Semprun, la guerre commence. Avec toute mon amitié et mon estime. Vassilis Vassilikos » ; sitôt la proposition de Costa-Gavras acceptée, Semprun se met au travail de l’adaptation, à l’automne 1967. Elle sera peaufinée à plusieurs reprises en 1968, avant d’être tournée en fin d’année et de sortir sur les écrans le 26 février 1969.

Costa-Gavras avait découvert le roman de Vassilis Vassilikos lors d’un séjour en Grèce. Dès son retour, il obtient une avance de United Artists et propose à Semprun d’écrire l’adaptation. Mais la United Artists, jugeant le scénario trop « politique », se retire du projet ; Costa-Gavras s’adresse alors à Éric Schlumberger et à Jacques Perrin – qu’il connaît depuis le film Compartiment tueurs de 1965 -, qui assurent alors une partie du financement et utilisent leurs contacts, en particulier en Algérie, où il est décidé que le film sera tourné puisque la dictature des colonels rendait impossible de tourner le film en Grèce.

Le film croulera sous les distinctions : Oscar du meilleur film en langue étrangère, Grand Prix spécial du jury (à l’unanimité) du Festival de Cannes, Oscar du meilleur montage, Golden Globe du meilleur film en langue étrangère, Prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes (pour Jean-Louis Trintignant), British Academy Film Award de la meilleure musique de film, New York Film Critics Circle Award du Meilleur réalisateur et du meilleur film, National Award du meilleur film, Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario de cinéma…

En tête, tirage original argentique d’une photographie représentant Jorge Semprún et Yves Montand, en Grèce, lors du premier voyage des deux hommes dans ce pays : la dictature des colonels, dénoncée dans Z, vient de prendre fin en juillet, le 23 juillet. Quatre mois plus tard, le 8 décembre, un référendum est organisé pour le maintien de la république, mise en place à la fin de la dictature des colonels : la Troisième République est confirmée et les élections présidentielles auront lieu le 18 décembre. Ni Semprún ni Montand, très engagés, ne pouvaient manquer ce moment.

La photographie est titrée, au verso, de la main de Semprún « Athènes, décembre 1974 ».

Cachet « bibliothèque Jorge Semprún » au verso de la photo et aux ff. liminaires du cahier.

Exceptionnel ensemble.

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