Vents
Saint-John Perse

Vents

Paris, Gallimard, (1er octobre) 1946.
1 vol. (250 x 325 mm) de [108 p.]. Cartonnage vélin, dos lisse, titre à l’oeser noir et rouge, couvertures et dos conservés (reliure Schumacher – Berne).

 

Édition originale.
Un des 2 350 exemplaires sur châtaignier (n° 1 298).

Vents constitue le second grand pan de la production américaine de Perse. Après les quatre poèmes du cycle d’Exil qui ont marqué de 1941 à 1944 le retour à la création pour le poète, Vents marque un certain « ancrage » américain qui voit Perse bien s’installer dans son nouveau poste de conseiller littéraire à la Bibliothèque du Congrès à Washington. C’est pour lui le temps de renouer avec une production poétique qui voit le jour en cette année de victoire alliée.

La composition du recueil est inséparable du paysage sauvage de Seven Hundred Acre Island, une île située sur les côtes du Maine, dans la presqu’île de Penobscot qu’il côtoie depuis 1942. C’est là-bas que sera achevé le poème ébauché depuis quelques mois, imprégné d’autres paysages américains marquants que Perse avait découvert au printemps et dont le poème gardera trace : l’Arizona, le Texas et le Colorado, où les pratiques chamaniques des Indiens Navahos marquent durablement son esprit.

Vents est publié chez Gallimard en 1946, dans une édition luxueuse limitée à 2425 exemplaires. Bien plus tard, voici ce qu’en dit le poète dans la notice de ses Œuvres complètes qui se rapporte au poème, rédigée par ses soins : « Saint-John Perse a toujours accordé à Vents une importance particulière dans son œuvre. Ce poème fut sans doute le moins accessible au lecteur français parce qu’il ne fut, à la demande même du poète, publié tout d’abord qu’en édition de luxe, de grand format et grande typographie, à tirage limité entièrement numéroté (Gallimard, 1946). »

Exemplaire d’Henri Hoppenot. L’exemplaire fut vraisemblablement envoyé par Perse à Berne, au moment où Hoppenot venait de prendre ses fonctions d’ambassadeur en 1945. Il y fera relier Pluies et Vents par un fameux atelier de reliure situé dans la Kramgasse, l’une des principales artères commerçantes de la vieille ville : la maison Schumacher, fondée en 1840.

Les deux hommes se connaissent depuis août 1914. À cette date, Hoppenot fait son entrée au Bureau de la presse du ministère des Affaires étrangères. Alexis Léger, reçu au concours l’année précédente, est déjà dans la place. Quand ils entrent au ministère, s’y trouvent déjà les diplomates écrivains Giraudoux, Morand, Claudel. Pendant plus de soixante ans, Alexis Léger et Henri Hoppenot se côtoyèrent, s’éloignèrent au gré des postes, firent à nouveau route ensemble au Quai d’Orsay et se retrouvèrent sur le continent américain. Le premier – et seul poste à l’étranger – d’Alexis Léger sera en Chine, avant une brillante carrière à l’administration centrale : après la publication d’Anabase en 1924 sous le pseudonyme de Saint-John Perse, il laisse de côté sa carrière littéraire pour se consacrer entièrement à sa carrière diplomatique. Nommé directeur du cabinet du ministre Aristide Briand en 1925, il fait partie des plus hauts cadres du Quai d’Orsay. Il parvient à se maintenir en poste après la mort de Briand en 1932 et remplace Philippe Berthelot en tant que Secrétaire général du ministère de Affaires étrangères de 1933 à 1940 – soit le plus haut fonctionnaire après le ministre lui-même. Alexis Léger fera beaucoup pour favoriser la carrière d’Hoppenot : « Il m’a donné des coups de main plusieurs fois dans ma carrière, chaque fois qu’il a pu » (Ina, Archives du XXe siècle, interview d’Henri Hoppenot, 1971) – notamment sa nomination en Chine en 1933. En souvenir de cette période, Hoppenot fera imprimer, en 1937, une rareté : un compte rendu de mission d’Alexis Léger, sur les presses des Lazaristes à Pékin à dix exemplaires : la Relation respectueuse adressée par le secrétaire Lei Hi-Ngai [Alexis Léger] à son excellence le ministre Kang Te [Alexandre Conti ministre de France à Pékin]. Juste avant que les deux hommes ne se retrouvent à Paris, au Quai d’Orsay, entre 1937 et 1940.

Désavoué en 1940, Alexis Léger est démis de ses fonctions le 18 mai 1940 par Paul Reynaud et s’exile aux États-Unis. Hoppenot, lui, paie sa proximité avec Léger : on lui refuse plusieurs accréditations en Europe et on l’envoie en Uruguay. Il démissionne du poste en 1942, quand est instauré le STO et promulgué un nouveau statut pour les Juifs. Il gagne alors l’Argentine. Il sera révoqué le 6 mars 1943 de ses fonctions diplomatiques et gagne alors Washington, où il retrouve Léger, ralliant la France Libre. Il sera nommé, en 1945, ambassadeur à Berne.

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