S.l.n.d. [circa 1950].
Gouache sur carton (290 x 400 mm), signée en haut à droite, tampon de l’atelier au dos.
Maquette originale représentant un voyageur portant une valise et coiffé d’un chapeau, marchant sur un chemin désertique à l’horizon duquel on aperçoit un train à vapeur.
Remarquable composition frontale et silencieuse dans laquelle Jean Jacquelin déploie une scène d’apparente simplicité, au coeur d’un espace désertique saturé de lumière jaune : un homme seul avance sur une route parfaitement droite, valise à la main, veste sur l’épaule. À l’horizon, une ligne de nuages indique la fumée d’un train qui s’éloigne, symbole discret d’un départ ou d’un abandon.
Son visage stylisé, rouge et sombre, capte l’attention par sa frontalité brutale, entre émotion rentrée et figuration abstraite : tout ici évoque la solitude du voyageur moderne, la quête silencieuse, la tension entre le mouvement et la fixité.
Jacquelin synthétise en quelques aplats nets une parabole existentielle, dans la tradition graphique des affichistes humanistes de l’après-guerre. Par sa puissance symbolique et sa retenue formelle, cette oeuvre rejoint les grandes images de la condition humaine – errance, attente, passage. Un jalon rare et poétique dans l’oeuvre de Jacquelin.
C’est à l’âge de dix ans que Jean Jacquelin découvre avec émerveillement les affiches Ripolin d’Eugène Vavasseur. Le natif de Paris intègre en 1920 l’école supérieure de dessin Germain Pilon, puis entre comme dessinateur dans l’agence de publicité TAP (Travaux artistiques de publicité). Directeur artistique de l’agence Step à partir de 1929, il réalise plusieurs affiches de cinéma à partir de 1940 tout en poursuivant ses activités de dessinateur publicitaire pour de nombreux secteurs : automobile (Peugeot, Delage, Simca, Buick, Fiat), énergétique (Antar, Esso, Shell), presse écrite et édition (Paris-Soir, L’Intransigeant, Éditions Froissart, Presses de la Cité), mode (Scandale, Magasin Le Printemps), distribution (Coop, Vittel, Brandt, Champagne Mercier) ou pour le secteur du tourisme, du voyage et des loisirs (Air France, SNCF, Aéropostale, Compagnie Transatlantique, Les Châteaux de la Loire, 24 heures du Mans, Semaine du cinéma, Casino d’Enghein).
Son nom est également célèbre pour avoir été l’illustrateur des jaquettes des éditions de Georges Simenon aux Presses de la Cité (une trentaine de titres des années 50 sont des compositions originales, qu’il exécute sous le contrôle et l’accord du romancier).