Paris, Gallimard, (22 avril) 1980.
1 vol. (110 x 205 mm) de 81 p. et [3] f. Broché, non coupé.
Édition originale.
Un des 25 premiers exemplaires sur vergé de Hollande (n° 7).
Chancah, Tixacacal et Chun Pom sont trois villes antiques, aztèques ou mayas, que le jeune Le Clézio chante durant son séjour mexicain des années 1970. Le trentenaire, délaissant les récits de l’angoisse du milieu urbain, a quitté la métropole pour explorer l’ailleurs, et particulièrement le Mexique. Tout tournera alors autour des dieux morts des indiens Embera, des préoccupations écologiques, de l’onirisme et du cheminement méditatif sans lesquels nulle vie n’est possible. Les envahisseurs blancs ont vu, sont venus, ont vaincu, et la sécheresse s’est installée avec la fin des hommes. Mais, pour Le Clézio, les lieux terrestres où sont nées les civilisations, ne sauraient mourir. Ils attendent qu’un autre peuple ou d’autres circonstances permettent la renaissance, entre deux inserts de textes indiens anciens tirés des prophéties du Chilam Balam. Le Clézio, qui adore faire rouler les sonorités des noms étrangers, ou les éparpiller sur la page, observe comment « la civilisation moderne » a stérilisé ou isolé ces peuples « premiers », préférant l’éternité figée de l’âge d’or aux changements de la modernité. La vérité, la liberté, c’est l’eau venue du ciel, celle qui irrigue les champs et la forêt comme les gosiers des hommes. La conscience n’attend pas ni n’exige : « Elle ne juge pas. Ce qu’elle demande, comme cela, muettement, avec orgueil, ce n’est pas vengeance, ni l’argent. Elle est accordée avec le désir des dieux, et elle ne demande que ceci : le pain et l’eau ».
Trois villes saintes paraît au printemps 1980, en même temps que Désert. Deux publications importantes, qui viennent confirmer la contestation et la révolte comme éléments permanents de l’œuvre de Le Clézio, dans une remise en cause de plus en plus généralisée du monde occidental.
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