Paris, Le Cahier Bleu n° 14, (28 juin) 1934.
1 vol. (120 x 185 mm) de 254 p. et [1] f. Broché, sous couverture illustrée.
Édition originale.
Envoi signé : « Au Canard Enchaîné, hommage de l’auteur, Nikolaï Kazan, Athènes 1934 et de l’éditeur, Renaud de Jouvenel ».
Parmi les nombreux voyages qu’il a effectués, Nikos Kazantzakis s’est rendu à deux reprises en URSS. En 1925 d’abord, puis en 1929, à l’invitation du gouvernement soviétique. À l’issue de ce deuxième séjour, il compose un surprenant roman foutraque, condensé de ses impressions et de l’expérience de ses voyages : Toda-Raba (du nom du personnage principal, noir, dont le nom signifie « merci » en hébreu) ; ce dernier et ses six compagnons – d’origines et de cultures différentes – se rendent d’abord à Astrakhan pour assister à un Congrès oriental, puis à Moscou, où l’on fête l’anniversaire de la Révolution.
À son retour, retiré en ermite dans la ville tchécoslovaque de Gottesgab et plus isolé encore sur la haute montagne, de l’Erzgebirge, Kazantzakis rédige son roman, directement en français : « je suis retourné avec joie à la petite maison dans la forêt et j’ai retrouvé la paix. La sérénité, le soleil, les sapins, la senteur de l’herbe fauchée – et devant moi de nouveau, la pleine mer de l’Odyssée ».
« Non-violent prêchant la violence, indulgent avec les autres, mais implacable envers lui-même, chasseur sans plomb et sans fusil d’un gibier invisible qui lui échappe, les pieds volontairement rivés au sol, la tête perdue dans les visions du futur… » : la nouvelle édition de Toda-Raba dans la collection « Feux croisés » chez Plon en 1962 sera précédée de ces mots et d’une longue préface d’Eleni Samios-Kazantzakis. Elle avait rencontré l’écrivain grec en 1920, puis devint son épouse en 1945, un an avant la parution de Zorba le Grec ; après sa mort survenue en 1957, elle sera sa biographe, défendant et décrivant l’écrivain fougueux qu’il était.
Bel exemplaire de ce livre rare en premier tirage et davantage encore avec envoi.
Il est également signé par l’éditeur, Renaud de Jouvenel, demi-frère de Bertrand et Colette de Jouvenel : un envoi collectif à la rédaction d’une déjà célèbre publication des années 30, celle du Canard enchaîné, le plus ancien titre de presse satirique encore actif.