Paris, Grasset, (9 février) 1927
1 vol. (125 x 190 mm) de 241 et [1] pp. Maroquin aubergine, plats ornés d’un double listel de maroquin brun clair et files dorés, dos à nerfs reprenant sur les caisson le listel des plats, doublures en daim beige à encadrement avec listel de maroquin bordeaux et filets dorés, gardes de daim beige, titre doré, date en pied, filet doré sur les coupes, tranches dorées sur témoins, couverture et dos conservés (reliure signée de Devauchelle).
Édition originale.
Un des 7 premiers exemplaires sur Ronsard Muller (n° 3).
C’était le procès de l’année 1905 : François Mauriac, alors tout jeune écrivain de vingt et un ans, suivait chaque jour, à Bordeaux, cette affaire qui passionnait la France entière. Fasciné par cette jeune femme, Henriette-Blanche Canaby, il en tirera trois nouvelles, puis ce roman qui traduit le coflit janséniste récurent entre la liberté et la grâce. Mais pourquoi diable a-t-elle essayé d’empoisonner son mari ? Haïssait-elle donc son époux au point de vouloir le tuer ?
Premier grand roman de Mauriac, il sera son chef-d’oeuvre, à l’origine du prix Nobel qu’il obtiendra en 1952, deux ans après que Thérèse Desqueyroux fût inclus dans la liste du Grand prix des meilleurs romans du demi-siècle, qui consacrait les douze meilleurs romans publiés en 1900 et 1950.
Placé sous le patronage de Baudelaire, avec une citation extraite du Spleen de Paris (Mademoiselle Bistouri), Mauriac traque à son tour Satan dans les profondeurs de notre psychologie et dans les structures de la société : voilà son ambition de romancier. Thérèse Desqueyroux n’est pas Emma Bovary et ne s’évade pas dans des rêves fusionnels, mais elle reste habitée par un mal de vivre, une insatisfaction romantique, inadaptée au monde rural et grossier auquel elle est destinée. Roman complexe, absolu, Mauriac y dénonce aussi une bourgeoisie terrienne bien-pensante, coupable de son manque d’ouverture, de générosité et de soif d’absolu. Comment donc Thérèse et sa grâce peuvent-elles se frayer un chemin au travers de l’épaisseur coupable de chrétiens orgueilleux et méprisants ?
Provenance : Charles Hayoit (ex-libris ; vente à Paris les 30 novembre et 1er décembre 2001, n° 1091)
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