Paris, Gallimard, (septembre) 2016.
1 vol. (140 x 205 mm) de 141 p. et [2] f. Broché.
Édition originale.
Envoi signé : « Pour Bruno Lorty, cette sortie du labyrinthe. Sylvain Tesson. 30 IX 16 ».
Magnifique éloge de la fuite et de la lenteur, le récit de Sylvain Tesson est un cheminement pédestre et littéraire qu’il décide de réaliser un bon matin : « après un accident (une chute d’un toit), je devais faire de la rééducation. C’est le mot qu’emploient les médecins pour signifier la reconquête de ses forces. Aller à pied du Mercantour au Cotentin me semblait une idée acceptable. En outre, je trouvais que c’était un peu absurde d’avoir passé tant de temps en Sibérie et au Tibet sans connaître L’Indre-et-Loire (…). Je ne souhaite ni délivrer un message ni signaler quoi que ce soit. Je me contente de montrer que le territoire français dispose encore d’un réseau de sentes oubliées et de chemins de silence où l’on peut rencontrer des bêtes, des fantômes, la trace d’un passé somptueux et des points de vue sublimes. Pour cela, il suffit d’une carte au 25:000 et d’une paire de godillots », qui révèle à hauteur d’homme des territoires oubliés et délaissés par une modernité aveugle. Éloge de la fuite vraiment ? Pas tout à fait, à écouter son auteur : « fuir, c’est aller sur des chemins qu’on s’est choisi soi-même. Et le fait de se savoir responsable de la direction que l’on prend est une preuve que la direction est bonne. C’est une vieille idée, un vieux penchant que cette envie de se tenir dans la coulisse. Diogène, dans son tonneau, et Syméon, sur sa colonne, poursuivaient la même chose. Parfois il est vital de se tenir derrière l’orée du monde. Et puis fuir devient une urgence. Rendez-vous compte que près de 70 % de la population mondiale vivra dans les villes en 2050. Marcher dans la nature nous offre l’occasion de pratiquer l’un des plus beaux et des plus difficiles exercices de l’existence : celui d’être autonome (…). Le fait de savoir parfaitement ce qu’il me faut et ce qui est nécessaire à ma vitalité, corrige ma noirceur intérieure. D’ailleurs, comment ne pas être sombre dans un monde qui sera peuplé bientôt de 10 milliards d’êtres humains, dont le secret espoir, quoi qu’ils en disent, est de vivre aussi confortablement qu’un Californien ? ».
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