Stello | Les Consultations du Docteur noir

Alfred de Vigny

Stello | Les Consultations du Docteur noir

[Paris, circa 1832]
1 vol. (200 x 310 mm) de 3 f., 275 feuillets autographes et 3 f. Maroquin rouge, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, doubles filets sur les coupes, tête dorée, chemise et étui moderne (reliure signée de Chambolle-Duru).

 

Manuscrit complet.

Stello a été publié dans la « Revue des Deux Mondes » en trois livraisons : le 15 octobre 1831, où ce récit initial est présenté comme le « fragment d’un gros livre », puis le 1er décembre 1831 et 1er avril 1832. À partir du 9 juin 1832 (selon la Bibliographie de la France) vont s’échelonner pas moins de huit éditions, qui seront revues et corrigées par l’auteur, toutes chez Gosselin et Renduel. Comme le cite note Sophie Vanden Abeele-Marchal dans son étude sur la genèse de Stello, Alfred de Vigny consignait dans son Journal à la date du 20 mai 1832 : « J’ai achevé de corriger moi-même et moi seul, les épreuves de la première édition de Stello. Cette édition vaudra mieux que le manuscrit que je brûlerai un de ces jours et que je conserve encore je ne sais pourquoi. »

 

Le manuscrit a servi pour les livraisons dans la « Revue des Deux Mondes », où ne figurent pas encore les 8 derniers chapitres qui ne seront présents que dans l’édition imprimée [35 à 42] : Un soir d’été ; Un tour de roue ; De l’ostracisme perpétuel ; Le ciel d’Homère ; Du mensonge social ; Ordonnance du Docteur Noir ; Effet de la consultation ; Fin. Le manuscrit porte le nom des typographes entre lesquels a été répartie la copie ; il est rédigé à l’encre brune au recto de grands feuillets de papier vélin, surchargé de ratures, corrections et additions – parfois sur des feuillets plus petits ajoutés – et témoigne d’un important travail d’élaboration et de remaniement.

Plusieurs versos présentent des lignes biffées, correspondant à des débuts de page abandonnés. La pagination, en haut à droite des feuillets, est discontinue, parfois double, avec quelques incohérences (et quelques erreurs lors de la reliure). Enfin, la numérotation et l’intitulé des chapitres ont donné lieu à des hésitations dont le manuscrit porte la trace ; les derniers chapitres ne sont pas numérotés. Une « Table » finale dresse la liste des 42 chapitres.

 

Détail des titres et de la double numérotation :

En tête du chapitre 1 « Caractère du malade », Vigny a noté : « Ce chapitre doit être mis à la place de l’autre 1e chapitre ».

II « Symptômes » (Vigny a hésité sur le titre : « Symptômes et choses singulières que Stello dit au Docteur noir »).

III « Conséquences des Diables-bleus ».

IV « Histoire d’une puce enragée » (4 autres titres biffés, dont « Comment le Roi eut une idée nouvelle » ; l’héroïne féminine s’appelait Madame de Chateauroux, corrigé en Mademoiselle de Coulanges).

V « Interruption ».

VI (mal numéroté VII) « Continuation de l’histoire que fit Docteur noir ».

VII [VIII] « Un credo » (deux titres biffés, dont « Êtes-vous Poëte ? »). [Ce premier groupe est paginé 1-19 avec un feuillet 14 bis.]

VIII [IX corrigé en 8, ce décalage corrigé se poursuivant sur les 4 chap. suivants] « Demi-folie ».

IX « Suite de l’histoire de la puce enragée ».

X « Amélioration ».

XI « Un grabat ».

XII « Une distraction ». [Ce 2e groupe, marqué en tête « 2e article », paginé 1-21, a été ajouté au précédent pour former la première livraison de la « Revue des Deux Mondes » (RDM).]

XIII [marqué XII, le décalage se poursuivant sur les chap. suivants] « Une idée pour une autre ».

XIV « Histoire de Kitty Bell ».

XV « Une lettre Anglaise ».

XVI « Où le Drame est interrompu par l’érudition d’une manière déplorable… ».

XVII « Suite de l’histoire de Kitty Belle. Un bienfaiteur ».

XVIII « Un escalier ». [Ce 3e groupe, paginé 1-42, correspond à la 2e livraison de la RDM.]

XIX « Tristesse et Pitié » (titre primitif biffé : « Dur comme la pensée »).

XX « Une histoire de la Terreur ». [Ce 4e groupe est paginé 1-15 avec un 5 bis et 18-24 ; il donne le début de la 3e livraison de la RDM.]

21 « Un bon canonnier ».

22 « D’un honnête vieillard ».

23 « Sur les hiéroglyphes du bon canonnier ».

24 « La Maison Lazare ».

25 « Une jeune mère ».

26 « Une chaise de paille ».

27 « Une femme est toujours un enfant ».

28 « Le Réfectoire ».

29 « Le Caisson ».

30 « La Maison de Mr de Robespierre, avocat au Parlement ».

31 « Un législateur ».

32 [XXXIII] « La Promenade croisée » [le début a été relié après le chap. 32 ajouté].

33 [XXXIV] « Un petit divertissement ». [Ce 5e groupe, paginé 1-59 (plus 20 A et B et 40 bis) et 57-88 (plus 61 bis et 62 bis) constitue et termine la 3e livraison de la « Revue des deux mondes »].

 

« La Première consultation du Docteur noir, Stello ou les diables bleus est un roman à tiroirs mettant en scène Stello, jeune poète atteint de l’étrange maladie des « diables bleus » qui lui donne envie de s’engager en politique, ce que le vieux Docteur noir va entreprendre de guérir en racontant le sort malheureux qu’ont réservé trois pouvoirs politiques différents (monarchie absolue, monarchie parlementaire et démocratie) à trois poètes (Gilbert, Chatterton et André Chénier), avant de prescrire de « séparer la vie poétique de la vie politique » dans une ordonnance conclusive. L’œuvre se distingue par une certaine virtuosité, mêlant révolte, pitié ou détachement, dans un style qui s’adapte aux histoires rapportées : la première nouvelle mime malicieusement le style fleuri d’un dix-huitième siècle matérialiste et la seconde prend des airs anglais, quand la troisième donne à éprouver l’atmosphère de la Terreur. À la psychologie du poète s’ajoute la question de sa place dans la société et, plus largement, de la possibilité d’un gouvernement satisfaisant ainsi que du rôle de l’art. » (Bibliothèque nationale de France, Les Essentiels).

 

La Bnf possède le manuscrit autographe du Chatterton (1834), un drame composé dans l’urgence inspiré de Stello : Alfred de Vigny souhaitait en effet offrir un premier rôle à sa maîtresse, l’actrice Marie Dorval. Terminée le 30 juin 1834, la pièce raconte le suicide du poète anglais Chatterton et dénonce la mise au ban dans une société bourgeoise de l’artiste non producteur de valeur marchande. « Je viens d’achever cet ouvrage austère dans le silence d’un travail de dix-sept nuits. Les bruits de chaque jour l’interrompaient à peine, et, sans s’arrêter, les paroles ont coulé dans le moule qu’avait creusé ma pensée (…) Déjà, depuis deux années, j’ai dit par la bouche de Stello ce que je vais répéter bientôt par celle de Chatterton, et quel bien ai-je fait ? Beaucoup ont lu ce livre et l’ont aimé comme livre, mais peu de coeurs, hélas ! en ont été changés. » (Alfred de Vigny, Chatterton, préface, 1835).


Exceptionnel manuscrit littéraire.

Des bibliothèques Louis Barthou et Lucien Dhuys.

 

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