Soumission

Michel Houellebecq

Soumission

Paris, Flammarion, (janvier) 2015.
1 vol. (145 x 215 mm) de 300 pp. et [2] ff. Broché, sous étui-chemise

Exemplaire signé : « Michel Houellebecq », au faux-titre.

“J’aime bien qu’on me lise dans l’ordre […] Ce qui explique le mieux un livre c’est ceux que l’on a écrit avant.” (Houellebecq, interview télévisée, août 2015).
Pour ceux qui suivront cet avis, lire tout particulièrement Plateforme le troisième roman de Michel Houellebecq où il traite déjà le thème de l’Islam. Avant même la mise en vente, le 7 janvier 2015, de l’édition originale de Soumission, ce roman avait fait naître une polémique d’envergure. Les attaques terroristes de Charlie Hebdo et de l’hypermarché casher le jour-même de sa sortie n’avaient, évidemment rien arrangé. Depuis, et à maintes reprise, Houellebecq a tenté d’expliquer, à une presse obtue, qu’aller chercher de sparallèles, des concomittances etc. entre le ‘climat’ actuel et son roman n’avait aucun sens. Passons, en effet. En revanche, un mois avant sa sortie en librairie, soit le 19 décembre 2014, il avait accordé un unique entretien au journaliste Sylvain Bourmeau, en exigeant qu’il ne soit qu’en anglais dans The Paris Review et en allemand dans Die Welt. Traduit depuis, en voici les meilleurs passages, aucune autre préface ne pourrait être donnée à ce roman, le sixième de Houellebecq :

«Pourquoi as-tu fait ça ? Michel Houellebecq – Je pense qu’il y a plusieurs raisons. Je n’aime pas le mot mais j’ai l’impression que c’est mon métier. J’ai constaté de grands changements à mon retour en France [Houellebecq venait de passer 12 ans en Irlande], changements qui ne sont pas spécifiquement français d’ailleurs, qui sont occidentaux en général. […] Je pense que la deuxième raison est que mon athéisme n’a pas vraiment résisté à la succession de morts que j’ai connu. [ses parents, son chien] Ca m’a apparu insoutenable en fait. « Comment caractériserais tu ce livre ? Le mot de politique-fiction est pas mal. Je n’ai pas l’impression d’en avoir lu tellement, mais j’en ai lu quand même, plutôt dans la littérature anglaise que française.

Tu penses à quoi ?

En un sens à certains livres de Conrad. De John Buchan aussi. Et puis des livres plus récents, moins bons, s’apparentant au thriller. Le thriller peut s’épanouir dans un cadre de politique  ction, ce n’est pas obligatoirement lié au monde des a aires. Mais il y a une troisième raison pour laquelle j’ai écrit ce livre, c’est que le début me plaisait bien. J’ai écrit à peu près d’un seul coup du tout début jusqu’à la page 26. Et je trouvais cela très convainquant parce que je m’imagine très bien un étudiant choisissant Huysmans comme ami et lui consacrant sa vie. Cela ne m’est pas arrivé : j’ai lu Huysmans beau- coup plus tard, vers 35 ans je crois, mais ça m’aurait bien plut : ma chambre n’était pas terrible, le restaurant universitaire n’était pas terrible non plus et j’imagine bien ce qu’il aurait pu faire de tout ça. Je pense qu’il aurait pu être un vrai ami pour moi. Et donc, après avoir écrit ça, je n’ai rien fait pendant quelque temps. C’était en janvier 2013, et j’ai du reprendre le texte à l’été 2013. Mais mon projet était très différent au départ. Cela ne devait pas s’appeler Soumission, le premier titre était La Conversion. Et dans mon premier projet le narrateur se convertissait aussi mais au catholicisme. C’est-à-dire qu’il suivait le même parcours que Huysmans, à un siècle de distance : partir du naturalisme pour devenir catholique. Et je n’ai pas réussi à faire ça.

Mais pourquoi avoir décidé en quelque sorte de « dramatiser » les choses alors même que tu dis que c’est invraisemblable un président musulman élu en 2022 ?

Alors ça, ce doit être mon côté grand public, thriller.

Tu t’es posé la question des effets d’un roman qui contient une hypothèse comme celle- là ?

Aucun. Aucun effet.

Comment perçois-tu la place de ce roman par rapport à tes livres antérieurs ? Disons que j’ai fait quelques trucs que je voulais faire depuis longtemps et que je n’avais jamais faits. Comme avoir un personnage très important mais qu’on ne voit jamais, Ben Abbes en l’occurrence. Je pense aussi que c’est la fin de relation amoureuse la plus désolante que j’ai jamais écrit parce que c’est la plus banale : loin des yeux loin du coeur. Il y avait des sentiments. De manière générale, il y a un sentiment d’entropie encore plus fort que dans mes autres livres. Un côté crépuscule morne qui donne à ce livre un ton assez triste. Par exemple, si le catholicisme ne marche pas, c’est que ça a déjà servi, ça paraît appartenir au passé, ça s’est défait. L’islam a une image à venir. Pourquoi la Nation ça ne marche pas ? Parce qu’on en a trop abusé.»

 

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