Rarissime collage-gravure de Rose Adler, constituée d’un grand pétale de papier crépon rose pâle, collée sur papier de Chine, sur laquelle est tirée, gravée à la pointe sèche par Rose Adler, l’ex-libris de la relieuse : une rose sur un livre ouvert.
L’ensemble est apposé sur un feuillet (180 x 160mm), monté dans une boîte-encadrement de papier noir à l’extérieur et rose à l’intérieur, et sous une marie-louise à biseaux noirs. Il semble que cet ex-libris n’ait jamais été tiré par ailleurs : les livres personnels de Rose Adler ne le contiennent pas et l’on n’en trouve qu’une seule autre occurrence : la présence d’une épreuve dans la collection d’ex-libris du relieur Noulhac – l’un de ses maîtres en reliure -, passé en vente il y a une dizaine d’années (Marseille, Leclere, 2009, n° 94).
Qu’une telle épreuve lui ait été donné pour sa collection n’a rien d’étonnant, lui qui l’avait formée au savoir-faire de doreur au sortir de l’École d’Art décoratif de la rue Beethoven et de l’École du Comité des Dames de L’Union Centrale des Arts Décoratifs (UCAD). C’est sous sa main bienveillante qu’elle réalisa ses premières reliures : « Là, j’eus la révélation du beau métier et la conviction qu’aucune invention du goût le plus parfait ne tient si le livre n’est parfaitement construit. » (in Journal, 15 mai 1930).
Rose Adler s’essaya par la suite à la gravure, peut être sous l’influence de son amie la graveuse Denise Bernollin, mais n’exécuta que très peu d’œuvres, principalement des eaux-fortes, et plutôt tardivement, pour les minuscules de PAB. Elle se perfectionna dans cet art après 1935, quand elle fréquente l’Atelier 17 animé par Stanley William Hayter.
On ne connaît pas de gravures de Rose Adler faite avec certitude avant 1930 – mais celle-ci est forcément antérieure à cette année-là puisque Noulhac décède en 1931. Les collages de ce type sont caractéristiques de la période 1923-1928 où Rose Adler, sous l’influence et le mécénat de Doucet, s’initie à plusieurs types de déclinaisons artistiques : collages, encadrements, coffrets.
Ce précieux collage est cité et reproduit dans la publication d’Hélène Leroy, Etienne Cournault et Rose Adler : de Jacques Doucet à l’Union des Artistes Modernes, Nantes, Musée des Beaux-Arts, 2015, en marge de l’exposition “Etienne Cournault, la part du rêve” (Musée des beaux-arts de Nantes, Musée des beaux-arts de Nancy, 2016).
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