Paris, Gallimard, coll. “Les Essais”, (10 septembre) 1949.
1 vol. (120 x 185 mm) de 255 p. Broché, étui.
Édition originale.
Exemplaire imprimé du service de presse.
Envoi signé : « À Monsieur Max-Pol Fouchet, – cette incursion d’un Roumain dans la langue française, hommage respectueux de l’auteur ».
Dans son oeuvre si singulière, toujours Cioran s’est-il attaché à situer le désespoir au coeur de son raisonnement philosophique. Premier essai à avoir été rédigé en français, son « Précis de décomposition » – en un style d’une élégance glaciale – fait état de l’obsession du doute, du fardeau de l’anxiété, de l’ombre permanente du suicide, de la douloureuse dualité du Moi et du collectif : en Diogène des temps modernes, héritier de Schopenhauer et fils spirituel d’un Nietzsche ou d’un Dostoïevski, Cioran n’a de cesse de proposer – en une lucidité désespérée – une vision noire de l’Humanité, témoin de son désespoir. Réfutant tout système formel dans l’expression de sa pensée, il préfère l’aphorisme, produisant selon lui ” le même effet qu’une gifle “, sachant marquer son détachement, son mépris, son désarroi, son horreur même de la condition d’exister : la vie ? « Un état de non-suicide ».
L’incursion dans la langue française, ainsi qu’il la nomme à Max-Pol Fouchet dans sa dédicace, aura été été bien plus qu’une brèche : une trouée immense dans l’histoire des idées.
28730