Portrait de René Crevel

Man Ray (Emmanuel Radnitzky, dit)

Portrait de René Crevel

[Paris, circa 1950]. 
1 tirage sur carte, d’après-guerre, signé « Man Ray » à la mine de plombe en angle inférieur droit. 

 

L’épreuve est signée “Man Ray” à la mine de plomb en angle inférieur droit et contient au dos la mention de la main du poète Char “René Crevel”.

Ce tirage constitue l’un de ceux que Man Ray a fourni dans les années 50-60 à ses amis proches. Un tirage figurait dans la vente Breton (2003, n° 5106), identique à celui-ci – sans être signé. Notre épreuve est celle de René Char, avec une note au verso de la main du poète. Le suicide de Crevel le frappa douloureusement. Des années plus tard, il avouera : « Je n’ai pu, depuis la mort de ce frère précieux, relire un seul de ses ouvrages. C’est dire combien je m’ennuie de lui, de l’éclat de sa présence, des conquêtes de sa pensée dont il était prodigue. C’est l’homme, parmi ceux que j’ai connus, qui donnait le mieux et le plus vite l’or de sa nature. Il ne partageait pas, il donnait. »

Seule épreuve signée connue.

 

Ce tirage constitue l’un de ceux que Man Ray a fourni dans les années 1950-1960 à ses amis proches. Un tirage figurait dans la vente Breton (2003, n° 5106), identique à celui-ci – mais non signé. Notre épreuve est celle de René Char, avec une note au verso de la main du poète. Le suicide de Crevel le frappa douloureusement. Des années plus tard, il avouera : « Je n’ai pu, depuis la mort de ce frère précieux, relire un seul de ses ouvrages. C’est dire combien je m’ennuie de lui, de l’éclat de sa présence, des conquêtes de sa pensée dont il était prodigue. C’est l’homme, parmi ceux que j’ai connus, qui donnait le mieux et le plus vite l’or de sa nature. Il ne partageait pas, il donnait. »

 

Toutes les autres épreuves recensées de ce portrait iconique sont vierges de la signature de Man Ray, et souvent dans des tirages tardifs réalisés par Gassman.

 

Lorsque Pierre Paraf, le directeur de La République, rend hommage à René Crevel dont le suicide vient d’être découvert, il évoque un artiste « dont les généreuses indignations étaient servies par un âpre talent satirique ». L’écrivain et poète, surréaliste de la première heure, mais exclu du mouvement en 1935 et membre critique du Parti communiste depuis 1922, s’est donné la mort à son domicile, ne laissant qu’une note pour sa maîtresse, la comtesse argentine Tota Cuevas de Vera : « Prière de m’incinérer. Dégoût. » Peut-être celui d’une France bourgeoise et parlementaire de la IIIe République qu’il méprisait l’une et l’autre, telle qu’il la décrivait avant sa mort dans les colonnes de Comoedia : « Vice en pantoufle, adultères rondouillards, mesquinerie, lésine, sourire faussement bonhomme, au fond positivisme insensible jusqu’à la minute catastrophique, où, alors, la terreur pousse les esprits soi-disant libres à remettre Dieu à la mode, à s’en tirer par une assurance sur la vie et sur la mort. Tous ces symptômes d’ailleurs accusent une maladie qui, pour être celle de la Troisième République, ne date point d’hier. »

 

René Crevel consacre un article à Man Ray dès 1925, qu’il présente comme l’auteur d’une chasse miraculeuse et comme un sorcier, un « chasseur du mystère » (Crevel, « Le Miroir aux objets », L’Art vivant, n° 14, 15 août 1925). Man Ray tire ce portait sept ans plus tard. Il sera utilisé bien plus tard pour la couverture de la biographie de Michel Carassou et également par Claude Courtot pour le frontispice de son René Crevel aux « Poètes d’aujourd’hui » chez Seghers (1969), une image dont Marie Laurencin témoigna de son extraordinaire justesse, avec ses « cheveux jamais pareils et (s)on visage changeant d’adolescent rieur et malheureux ». 

 

Jean-Claude Vrain, dans son catalogue de Portraits d’écrivains, datait ce portrait de 1932 : « Ce très beau portrait tranche avec la plupart des photographies de René Crevel que nous possédons. L’écrivain y fait moins dandy, sa mise est moins élégante. Il apparaît ici sous un aspect beaucoup plus ‘terrien’, en bras de chemise, le col déboutonné. Son visage, moins angélique que d’habitude, mais toujours d’un aspect poupin, exprime une détermination et une force que l’on retrouve dans certains de ses textes les plus virulents comme Le Clavecin de Diderot » (n° 307 du catalogue). La version proposée, non signée, était un tirage tardif des années 1970 par Pierre Gassman.

Le Centre Pompidou conserve le négatif de la photo qui a servi à ce recadrage, sous la cote AM 1995-281 (524).

 

Précieuse épreuve, la seule connue signée de cette photographie. Qu’elle fût la propriété de René Char n’est pas surprenant et rend cette pièce encore plus émouvante.

Provenance : René Char

Reverseau, Anne : Breton, Man Ray et l’imaginaire photographique de la magie, in Textimage, juin 2010 ;

 

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