Poésie involontaire et Poésie intentionnelle
Paul Éluard

Poésie involontaire et Poésie intentionnelle

Villeneuve-lès-Avignon, Poésie 42, (24 juin) 1942
1 vol. (145 x 210 mm) de 67 p. et [2] f. Broché.

 

Édition originale.
Un des 75 premiers exemplaires sur vergé (n° 58). Bande à parution conservée.

Cela, à notre connaissance, n’a jamais été signalé, mais c’est le texte d’une conférence d’avant-guerre et les fragments lus ce soir-là que reprend ici Paul Éluard en vue de les faire publier par Pierre Seghers, comme il s’en ouvre à son ami Louis Parrot dans une carte interzones du 14 avril 1942. Le 21 février 1939, en effet, à l’initiative de la com­pagnie du Diable écarlate dirigée par Sylvain Itkine dont la troupe avait joué dans les usines occupées lors des grandes grèves de juin 1936, Éluard était intervenu au Proscenium d’Europe du Théâtre Pigalle, et de nombreux encarts l’avaient annoncé dans la presse. Dans son édition du 25 mai 1939, Excelsior revenait sur l’événement et parlait expres­sément d’une « “séance de poésie involontaire et de poésie intentionnelle” présentée par une conférence de Paul Éluard, où, à côté des poèmes de Rimbaud, d’Apollinaire, de Laforgue et de Raymond Roussel, on entendait le Vieux Paralytique, de Jules Jouy, les Admirables Secrets du Grand Albert, un rêve d’un enfant de onze ans, une lettre de la religieuse portu­gaise et les Impudiques, de Victor Litschfousse. »

« J’ai lu votre texte et les citations avec une belle joie, s’enthousiasme Seghers auprès d’Éluard dès le 22 mai 1942, je suis ravi, et je vais m’employer au succès absolument certain. […] Je pars pour Lyon mardi apporter le texte à l’imprimeur. Je veux une typo simple, mais heureuse. Je prends pour vous mes dernières rames de papier ». Deux jours plus tard, dans une lettre à Parrot du 24 mai, Éluard souhaitant son livre « utile, fécond », précise son « intention profonde » : « amener l’esprit poétique en France dans des contrées mal appréciées jusqu’ici, à une plus vaste objectivité, à sa mère, “la vie de tous les hommes” ». Tandis que des fragments de citations sont confiés au groupe la Main à plume de Noël Arnaud qui les publie avec d’autres textes dans La Conquête du monde par l’image, le projet s’enrichit encore de quelques citations nouvelles qu’Éluard communique à Parrot dans deux lettres des 30 et 31 mai 1942 (Éluard livre d’identité, p. 186), puis des tracas­series de la censure retardent un peu le projet, de sorte que le livre est sous presse le 8 juillet 1942 seulement, en retard sur l’achevé d’imprimer.

« Si profond que soit l’engagement de Paul Éluard dans la vie politique et nationale, fera remarquer Decaunes dans sa biographie (p. 202-203), il n’en renonce pas pour autant à ce qui demeure, à ses yeux, la plus haute fonction de la poésie : la découverte, la conquête, par le moyen du langage à travers le langage, de tous les trésors de l’homme […]. C’est pourquoi la publi­cation, en pleine occupation, de Poésie involontaire, poésie intentionnelle, est, d’un certain point de vue, un acte au moins aussi significatif que celle des poèmes de résistance. » C’était d’ailleurs en ce sens qu’il s’était rapproché de Noël Arnaud.

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