Physiologie du goût

Brillat-Savarin

Physiologie du goût

Paris, A. Sautelet, 1826.
2 vol. (120 x 200 mm) de [1], xiv et 390 p. ; 442 p. Demi-chagrin rouge, dos à nerfs ornés, pièces de titre, tranches mouchetées (reliure XIXe).


Édition originale et rare premier tirage
(avec l’erreur typographique à l’adresse, “E” imprimé à l’horizontale).
Elle fut imprimée aux frais de l’auteur à 500 exemplaires et mis dans le commerce en décembre 1825.

Brillat-Savarin, qui décède moins de deux mois après la parution du volume, n’aura guère eu le temps de profiter du succès de son grand oeuvre.

Inutile de revenir sur l’importance et l’histoire de l’oeuvre que nous pourrons cependant agrémenter d’un jugement catégorique et déglaçant d’un de ses illustres lecteurs, quelques années plus tard :  « Un homme très célèbre, qui était en même temps un grand sot, choses qui vont très bien ensemble (…) a osé, dans un livre sur la Table, (…) écrire ce qui suit à l’article VIN : ‘Le patriarche Noé passe pour être l’inventeur du vin ; c’est une liqueur qui se fait avec le fruit de la vigne.’ Et après ? Après, rien : c’est tout. Vous aurez beau feuilleter le volume, le retourner dans tous les sens, le lire à rebours, à l’envers, de droite à gauche et de gauche à droite, vous ne trouverez pas autre chose sur le vin dans la Physiologie du goût du très illustre et très respecté Brillat-Savarin : « Le patriarche Noé… » et « c’est une liqueur… ». Je suppose qu’un habitant de la lune ou de quelque planète éloignée, voyageant sur notre monde, et fatigué de ses longues étapes, pense à se rafraîchir le palais et à se réchauffer l’estomac. Il tient à se mettre au courant des plaisirs et des coutumes de notre terre. Il a vaguement ouï parler de liqueurs délicieuses avec lesquelles les citoyens de cette boule se procuraient à volonté du courage et de la gaieté. Pour être plus sûr de son choix, l’habitant de la lune ouvre l’oracle du goût, le célèbre et infaillible Brillat-Savarin, et il y trouve, à l’article VIN, ce renseignement précieux : Le patriarche Noé… et cette liqueur se fait… Cela est tout à fait digestif. Cela est très explicatif. Il est impossible, après avoir lu cette phrase, de n’avoir pas une idée juste et nette de tous les vins, de leurs différentes qualités, de leurs inconvénients, de leur puissance sur l’estomac et sur le cerveau. Ah ! chers amis, ne lisez pas Brillat-Savarin. Dieu préserve ceux qu’il chérit des lectures inutiles ; c’est la première maxime d’un petit livre de Lavater, un philosophe qui a aimé les hommes plus que tous les magistrats du monde ancien et moderne. On n’a baptisé aucun gâteau du nom de Lavater ; mais la mémoire de cet homme angélique vivra encore parmi les chrétiens, quand les braves bourgeois eux-mêmes auront oublié le Brillat-Savarin, espèce de brioche insipide dont le moindre défaut est de servir de prétexte à une dégoisade de maximes niaisement pédantesques tirées du fameux chef-d’oeuvre ». Ce costard trois étoiles et triple fourchette est signé de Charles Baudelaire (in Les Paradis artificiels, « Du Vin »). Il n’empêche, La Physiologie du goût reste « un des chefs-d’oeuvre de la littérature gastronomique mondiale. Il est, avec Grimod de la Reynière, celui qui a le plus sérieusement médité sur l’art transcendantal du bien-manger »… (Oberlé).

Bel exemplaire ; rare en reliure d’époque et de qualité, comme ici.

Oberlé, Fastes, 144 ; Heirs of Hippocrates 1128 ;  Vicaire,  116, Carteret I, p. 146-147 ; Crahan 491.

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