S.l.n.d. [maison d’Epalinges, Suisse, circa 1964].
1 tirage (300 x 200 mm).
Belle épreuve originale en tirage d’époque, représentant Georges Simenon devant la bibliothèque de son salon à Epalinges (Suisse).
Cette photographie date des tout premiers temps de l’arrivée de Simenon dans les lieux : le 19 décembre 1963, l’écrivain quitte Echandens pour Epalinges, sur les hauteurs de Lausanne. C’est au moins sa trentième demeure, pour autant d’essais de s’ancrer quelque part. Mais cette fois, il ne s’est pas contenté de louer un appartement ou une villa : il décide de construire lui-même son nid. Son très grand nid.
« Nous venons de décider, tout à coup, en quelques heures, D. et moi, non seulement de quitter Echandens, mais de faire bâtir – une idée qui m’a souvent tenté au cours de ma vie. […] Une maison à neuf, du haut en bas, faite pour nous, conçue pour nous, pour notre vie et celle de nos enfants. J’en suis très excité […]. » (in Quand j’étais vieux). Mais, démesurée, froide, « le bunker », comme elle fut appelée, ne laisse pas une trace indélébile. « Lorsque j’ai fait construire ma maison d’Epalinges, j’ai cédé à cette erreur des vues panoramiques. Les fenêtres sont immenses. […] C’était une curiosité à montrer à mes visiteurs, mais, après très peu de jours, je ne regardais plus. De même, dans un grand terrain, j’ai voulu semer à un prix exorbitant du gazon anglais. C’était souple et doux sous les pieds. Je pourrais compter le nombre de fois en dix ans, où je m’y suis promené (…). Quand il n’est plus resté qu’un de mes enfants avec moi, les autres s’étaient envolés tour à tour vers leur propre destin, cette grande baraque d’Epalinges que j’avais conçue pourtant avec beaucoup d’amour m’a pesé sur le dos. » Il la quittera finalement en 1972, pour s’installer dans sa dernière adresse, avenue des Figuiers à Lausanne, où il mourut en 1989, à l’âge de 86 ans.
Cachet original du photographe de presse Pierre Vauthey (Agence Gamma) au verso.
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