Paris, Gallimard, (23 décembre) 1991.
1 vol. (120 x 185 mm) de 76 p. et [2] f. Broché.
Édition originale – premier tirage.
Il n’a pas été tiré de grands papiers.
Envoi signé : « À Sylvie Genevoix, en témoignage de profonde estime, ce petit livre qui essaie de dire la réalité d’une passion. Annie Ernaux. 6/01/92 ».
« À partir du mois de septembre de l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi. » Pendant des mois – à l’issue desquels elle entreprend l’écriture de ce livre -, Annie Ernaux vit une relation passionnelle avec A., un homme marié et vivant à l’étranger. Des phrases nettes, dures, brèves, simples, sans compromis, ni concessions. « Aucune culpabilité, et c’est bien ce qui dérange. Pas d’hystérie, pas de mise en scène. Juste le parti pris tranquille d’écrire la vérité de sa passion, même si elle bouscule les lieux communs : “J’aurais préféré tenir complètement secrète cette histoire vis-à-vis de mes enfants. […] Désir, sans doute, d’éviter leur jugement.” La ‘norme’ à laquelle on est sommé de se conformer tient en quelques mots : “Si vous vivez une passion, au moins taisez-là. Et surtout ne l’écrivez pas. Que les écrivains ne vivent rien et nous bercent de ‘vrais romans'” ! À cela, Annie Ernaux répond : “Il m’a semblé que l’écriture devait tendre à […] cette impression que provoque la scène de l’acte sexuel, cette angoisse et cette stupeur, une suspension du jugement moral.” On est au coeur de la question essentielle, celle de la littérature. Et Annie Ernaux, même dans un très court texte, même dans le récit à la première personne d’une histoire qu’elle a vécue, ne dit qu’une chose : qu’elle est un écrivain. » (Josyane Savigneau, Le Monde, 17 janvier 1992).
Bon exemplaire de belle provenance : Sylvie Genevoix.
Figure littéraire discrète mais influente, cette dernière entame, après des études de lettres classiques à la Sorbonne, une carrière dans l’édition. Elle débute chez Plon comme attachée de presse aux éditions 10/18, puis coordonne les services littéraires chez Plon-Perrin-Julliard, devenant directrice littéraire chez Julliard. De 1992 à 2005, elle sera directrice littéraire chez Albin Michel avant d’être nommée au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), où elle oeuvre pour le développement des télévisions locales, l’accessibilité des programmes aux personnes handicapées. Elle présidera par ailleurs toujours au CSA la Mission langue française et francophonie. Elle a grandi aux Vernelles, la demeure familiale acquise par son père Maurice Genevoix. en 1927 ; elle y développa un profond attachement à la Loire et à la mémoire familiale, qu’elle évoquera dans La maison de mon père (2001).