Amsterdam, Giuli, 1628.
2 parties en 1 vol. (67 x 126 mm) de [6] f. dont le titre-frontispice, 619 p. [mal chiffrées 609, la pagination passe de 288 à 281 et de 328 à 327] ; 222 p. [la dernière non chiffrée] et [3] f.
Édition amstellodamoise ornée d’un titre-frontispice gravé sur cuivre. Il porte, dans la marge en tête, une étoile à cinq branches calligraphiée en rouge.
Belle édition elzévirienne, qui comprend toutes les œuvres importantes du grand philosophe.
Précieux exemplaire en reliure ancienne, d’époque, œuvre de Le Gascon : relieur et doreur, il fut en activité de 1620 à 1653 environ. Élevé au rang de mythe, sollicité par les grands amateurs du temps sans jamais avoir été relieur du roi, sa réputation repose moins sur l’invention décorative que sur le talent d’exception du façonnier et la perfection de sa dorure. « Connu uniquement dans les rares sources contemporaines par un surnom trahissant peut-être ses origines, Le Gascon fut unani-mement admiré de son vivant par ses clients pour la qualité de ses travaux de reliure comme de dorure, célébrité dont ne rendent pas compte les documents d’archives, pour ainsi dire muets le concernant. Il a oeuvré pour de nombreux collectionneurs, parmi lesquels les frères Pierre et Jacques Dupuy et, très probablement, pour la Bibliothèque royale, notamment pour l’exécution des reliures destinées à la volumineuse correspondance diplomatique d’Henri-Auguste de Loménie, acquise en 1640. Sa production se caractérise par le soin apporté à la facture des reliures comme à l’agencement des décors, réalisés avec des petits fers rarement filigranés. Cet important travail réalisé pour la Bibliothèque royale a conduit à émettre l’hypothèse que ce relieur soit peut-être identifiable à Gilles Dubois, titulaire de la charge de relieur du roi de 1648 à 1689 » (Fabienne le Bars, « Le Gascon », in Dictionnaire encyclopédique du livre).
Dans son inventaire des reliures de Le Gascon, Raphaël Esmerian en dénombre trois avec ce type de décor à l’éventail : il en possédait une (un exemplaire in-12 de la Vulgate de 1630, reproduit dans son catalogue et dans l’ouvrage de Devauchelle) et en identifiait (dans l’annexe) deux autres, l’une conservée à Chantilly, l’autre provenant de la vente Didot. Trois autres spécimens ont été depuis inventoriés : deux à la BnF (RES-S-590 et RES-B-73) et une à la Mazarine, sur un exemplaire aux armes de Mazarin.
De la bibliothèque Dominique Courvoisier (ex-libris).
Brunet V, 276 ; Esmerian, Bibliothèque II-2, 1972 & annexe A, n° 15-17 ; Conihout & Ract-Madoux, Reliures françaises du XVIIe siècle, chefs-d’oeuvre du musée Condé, 2002, n° 5 ; Dictionnaire Encyclopédique du Livre, II, 2005, pp. 718-719, notice de Fabienne Le Bars ; Thoinan, Les Relieurs français (1500-1800), Paul, L. Huard et Guillemin, 1893 ; Jean-Marc Chatelain, “La reliure française dans la première moitié du XVIIe siècle”, catalogue de l’exposition. Paris, Réunion des musées nationaux, 2002, p. 402-417. Collection Courvoisier, vente Binoche 2017, n° 34).
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