Wuppertal-Elberfeld, Aux dépens des O.P.G., (15 juillet) 1941.
1 vol. (200 x 250 mm) de 77 p. et 1 f. [avec le dessin]. Toile et jaquette illustrée de l’éditeur.
Édition originale.
Un des 50 premiers exemplaires « de luxe » avec un dessin original de Morel Fatio (n° 28).
Envoi signé : « à Monsieur Maurice Genevoix en respectueux hommage au maître. M. Blancpain ».
De mai à juin 1940, les combats de la Seconde Guerre Mondiale font près de 100 000 morts, et 1 900 000 prisonniers de guerre (P.G.) sont envoyés dans les oflags et les Stalags, répartis sur l’ensemble du territoire du IIIe Reich. Parmi eux, près de 36 000 officiers sont envoyés dans les oflags – abréviations de Offizierslager [camp d’officiers] – et 20 000 d’entre eux resteront en captivité jusqu’à la libération des camps par les troupes alliées en 1945.
Cette publication qui décrit le quotidien de l’oflag VI A de Soest – à l’Est de Dortmund, en Westphalie – est réalisée sur place et imprimée dans la ville voisine d’Eberfeld, par Marc Blancpain : ce licencié ès lettres, normalien, professeur à Genève puis au Caire jusqu’en 1939, fut mobilisé en 1939 comme officier d’infanterie. Il est fait prisonnier en juin 1940 et restera en captivité en Allemagne jusqu’en 1943. Là-bas, il y animera le Cercle d’études de la Révolution nationale, dans un camp qui aura vu passé en captivité un certain Robert Brasillach qui, sur demande officielle de l’ambassade d’Allemagne à Paris (qui tenait depuis octobre 1940 une liste d’idéologues prêts à servir la cause nazie) sera rapidement libéré : il regagnera Paris dès mars 1941 pour reprendre son poste de rédacteur en chef de l’hebdomadaire Je suis partout.
L’illustration de la première de couverture représente une vue de chambrée ; suivent plusieurs scènes de vie, dessinées par Morel Fatio décrivant les occupations rythmant la vie de cet oflag, qui comptera jusqu’à 4000 prisonniers – dont deux généraux et deux colonels de l’armée française – et sera libéré par les troupes américaines le 6 avril 1945. Le dessin de couverture est l’oeuvre d’Henri Tougard, tandis que la mise en pages de l’album a été conçue par Michel Kieffer : ce diplômé de l’école Estienne et des Arts décoratifs est le fils du relieur et éditeur René Kieffer, auprès duquel il pratique la reliure depuis 1936. Il lui succédera à la tête de la librairie à partir de 1958.
Marc Blancpain sera libéré au début de l’année 1944 et rejoindra Paris et la presse écrite ; il signera l’éditorial du Parisien libéré du 25 août 1944 – le premier après la Libération de la ville – et donnera à la radio la première revue de presse libre, avant de devenir secrétaire général de l’Alliance française, qu’il présidera ensuite de 1978 à 1993. Maurice Genevoix et Marc Blancpain se retrouveront 25 plus tard, lorsqu’il siégeront tous les deux au Haut comité pour la défense et l’expansion de la langue française, créé en mars 1966 par Georges Pompidou, alors au poste de Premier ministre.
Delphine Richard, « Prisonniers de guerre juifs… », Thèse, Université Lumière Lyon II, juin 202, p. 675-683.