Paris, Gallimard, (10 mai) 1972. 
1 vol. (115 x 185 mm) de 213 p. et [1] f. Demi-maroquin rouge à bandes, titre doré, couvertures et dos conservés. 

Édition originale (pas de grands papiers). 

Exemplaire poinçonné du service de presse. 

Envoi signé : « À Madame Vehin, respectueux hommages, Albert Cohen ». 

Alors âgé de soixante-dix-sept ans, Albert Cohen publie un livre qui révèle l’événement marquant ayant dévasté son enfance et marqué sa vie : sa découverte de l’antisémitisme, le jour de ses dix ans en 1905. « Dans ce livre, je raconte comment un camelot de Marseille, le jour de mes dix ans, m’a injurié et m’a chassé parce que j’étais juif. Aujourd’hui, c’est une étrange sympathie, une tendresse de pitié que j’éprouve pour ce pauvre incapable et démuni qui a voulu un ennemi responsable de sa vie misérable et qui a cru que sa haine était juste et louable ; une tendresse de pitié pour ce malheureux inférieur, méprisé et le sachant, et à qui il a été bon et réconfortant de se sentir supérieur en méprisant à son tour ; une tendresse de pitié surtout parce qu’il est mon frère en la mort, condamné à la mort comme moi, et comment alors lui en vouloir, comment ne pas lui pardonner ? Et même j’éprouve une sorte de contentement à la pensée de cette heure de petite gloire que le pauvre bougre a connue en expulsant l’enfant juif. » (Entretien avec Franck Jotterand, Le Monde, 16 août 1973). Dans cette presque suite du Livre de ma mère, Albert Cohen déploie la beauté de son écriture lyrique pour montrer la violence de cette blessure, dans un livre intense, triste mais jamais pessimiste. 

Signalons qu’un tirage sur vélin pur fil sera réalisé, un peu moins d’un mois plus tard (tirage du 5 juin, pour une impression des tirages courants le 10 mai), pour l’auteur – sans doute à sa demande – et à tout petit nombre pour quelques amis. Une dizaine d’exemplaires sont connus, tous dédicacés. 

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