Tous les matins du monde

Pascal Quignard

Tous les matins du monde

Paris, Gallimard, (4 novembre) 1991.
1 vol. (140 x 210 mm) de 134 p., [3] et 2 f. Veau naturel estampé d’une plaque originale au carborundum teinté bleu, vert et rose pâles, rehaussé d’une bande horizontale à l’or, tranches dorées sur témoins par Jean-Luc Bongrain, contreplats bord à bord du même cuir, avec le même décor, gardes de chèvre velours craie, chemise et étui (reliure signée de Louise Bescond, 2024, titrage par Claude Ribal).

Édition originale.
Un des 50 premiers exemplaires sur vergé de Hollande (n° 21), seul papier.

Lorsqu’Alain Corneau lui expose son projet d’un film où la musique jouerait un rôle central, Pascal Quignard lui propose d’écrire un livre, et non un scénario. Le cinéaste pense attendre longtemps le roman promis, mais quelques mois plus tard, Quignard lui rapporte Tous les matins du monde. Sa découverte de la destinée de Marin Marais lui a ouvert une mine de réminiscences et de réflexions. Un livre, né du désir de retrouver l’intonation de voix disparues qui fascinent, et un film, porté par un cinéaste souhaitant fondre dans une même œuvre ses deux passions : la musicien et le cinéma. Corneau respectera les choix de Quignard bien au-delà du texte, presque inchangé dans le récit et les dialogues du film. Même si, du script, Quignard tire un texte nu : « Si le style consiste à marquer sa manière, comme certains peintres, musiciens ou écrivains, afin de pouvoir être reconnu, distingué, apprécié, je ne suis absolument pas un amateur de style. Mais si le style c’est, au sens romain, le stylus, ce qui permet de couper, sur la tablette de cire, d’effacer, de rompre, de soustraire, de casser, là, oui, c’est vraiment ma manière d’approcher l’écriture. Ce que je préfère, ce n’est pas la rédaction, c’est la relecture. C’est retrancher, abolir, déchirer, fracasser. Les Anglais disent cut up. Toute liaison, toute conjonction de coordination ou de consécution, toute longueur doit tomber. Il y a un plaisir fou à démolir les cloisons, même les reflets de la symétrie. » (Magazine littéraire, nov. 2012)

Quignard ne s’est pas contenté d’être fasciné par Sainte Colombe et de faire partager son destin et sa musique à un public : dans les trois années qui ont suivi la parution du livre et la diffusion du film, il s’est dégagé de toutes ses fonctions officielles. Il « quitte la presse et les jurys littéraires » en 1992, « démissionne de la présidence du Concert des Nations » en 1993, « dissou[t] le festival d’opéra baroque de Versailles et démissionne des éditions Gallimard » en 1994. « Depuis avril 1994, je ne fais plus que lire et écrire. » Il a repris l’exigence de Sainte Colombe à son propre compte. Il s’est placé en retrait, car « le secret, l’écart, l’à-part soi est la condition pour pouvoir penser » (Magazine littéraire, nov. 2012).

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