L’Ordre du jour

Paris, Actes Sud, (mars) 2017. 
1 vol. (150 x 200 mm) de 150 p., [4] et 1 f. Broché, non coupé, sous chemise et étui (Devauchelle). 

Édition originale.
Un des 60 premiers exemplaires sur Rives, accompagnés d’une photographie originale signée de Marc Blanchet (n° 57). 

Le neuvième livre d’Éric Vuillard paraissait cumuler les handicaps à l’annonce de sa présence parmi les finalistes du prix Goncourt 2017 : c’est un « récit », non un roman, publié qui plus est par la maison d’édition que dirigeait encore six mois auparavant Françoise Nyssen, alors ministre de la culture, et il avait paru en mai et non à la rentrée littéraire (le dernier cas de livre ” printanier ” primé en novembre remontait alors à… 1998, avec Confidence pour confidence de Paule Constant). 

Et pourtant. Il est couronné au troisième tour de scrutin, par six voix contre quatre à l’excellent Bakhita de Véronique Olmi, balayant ainsi toutes les préventions et règles semi-tacites qui pouvaient l’éloigner a priori du prix. 

Principalement grâce à sa force narrative : L’Ordre du jour est un livre d’une puissance sidérante dans sa simplicité. En 160 pages, il montre comment « les plus grandes catastrophes s’annoncent souvent à petit pas » et « soulève les haillons hideux de l’histoire » pour raconter la marche vers l’abîme de l’Europe à travers deux moments, dont le premier est ce « ce moment unique de l’histoire patronale, une compromission inouïe avec les nazis, [qui] n’est rien d’autre pour les Krupp, les Opel, les Siemens, qu’un épisode assez ordinaire de la vie des affaires, une banale levée de fonds. Tous survivront au régime et financeront à l’avenir bien des partis à proportion de leur performance », écrit, grinçant, l’auteur. Le deuxième, c’est l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, le 12 mars 1938. Une autre levée de fonds, si l’on peut dire, qui annonçait la vague brune qui allait s’abattre sur l’Europe. 

Parfait état. 

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