Paris, Gallimard, (9 janvier) 1984.
1 vol. (150 x 220 mm) de 393 p. et [2] f. Buffle vert tendre, dos muet, titre à l’oeser crème sur le premier plat, contreplats et gardes chèvre velours assortis, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservées, chemise et étui bordés (reliure signée de Renaud Vernier – Claude Ribal, 2024).
Édition originale de la traduction française par François Kérel.
Un des 23 premiers exemplaires sur vélin d’Arches (n° 4), seul papier.
Milan Kundera obtient pour ce roman le prix Médicis étranger en 1973. C’est le début d’une longue collaboration entre l’éditeur et l’auteur, qui se souvient : « en 1967, La Plaisanterie a été publié à Prague ; sans rien me dire, mon éditeur l’a passé à la maison Gallimard où, comme les règles l’exigent, on l’a donné à lire à une lectrice, une Tchèque vivant à Paris ; elle l’a trouvé nul. Ce qui commence mal va bien finir, dit le proverbe. Antonin Liehm, un brillant intellectuel praguois, apporte le livre à Louis Aragon qui, sans pouvoir le lire, le recommande à Claude Gallimard avec la promesse d’en écrire lui-même la préface. Et le complot des hasards continue : Aragon reçoit la traduction en août 1968, au moment où les chars russes envahissent la Tchécoslovaquie. Ah, les chars, quelle publicité ! Cela a tout déterminé. Sous l’occupation russe, de temps en temps, des écrivains étrangers rendaient visite à leurs collègues tchèques bien surveillés. Mais aucun grand éditeur. Seule exception : Claude Gallimard. Il y est venu plusieurs fois. Et je souligne : non pas comme un entrepreneur à la recherche d’un best-seller, mais comme une grande personnalité européenne qui essayait de soutenir une culture mise à mort. Encouragé par Claude, j’ai achevé encore deux romans dont, l’un après l’autre, il a rapporté les manuscrits avec lui à Paris. À sa façon, fine, presque timide, il nous a encouragés, ma femme et moi, à émigrer […]. » On connaît la suite.
Voici ce qu’en disait, lucide et visionnaire, Bertrand Poirot-Delpech : « Tchèque de Paris depuis l’invasion russe de 1968, Milan Kundera est en train de devenir un des meilleurs exemples vivants de la fécondité du métissage en littérature. Son dernier roman porte à la perfection la synthèse, amorcée par La Plaisanterie, Risibles Amours et La Valse aux adieux, entre deux traditions européennes du conte philosophique : l’orientale, qui a conduit de Goethe à Kafka, Musil, Gombrowicz, et celle du dix-huitième siècle français, passablement perdue en chemin et que notre hôte ressuscite, riche de son exil forcé, puis choisi […] Dans la grande lessive que l’Europe de la fin du vingtième siècle fait subir à ses croyances en l’homme et en l’histoire, il faudra désormais compter avec le somptueux scepticisme de Kundera, qui n’exclut ni la gaieté ni la tendresse » (Le Monde, 27 janvier 1984).
Kundera est le seul auteur a avoir connu de son vivant l’édition de ses livres dans les trois plus fameuses collections des Éditions Gallimard : « Du monde entier », dévolue au domaine étranger ; « collection blanche » pour les nationaux, et la « Pléiade » : c’est l’un des quatorze auteurs à avoir pu voir et toucher de leur vivant leurs œuvres imprimées sur papier bible dans la fameuse collection.
Magnifique exemplaire, dans une parfaite reliure de Renaud Vernier.
Exemplaire de choix.
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