Paris, Éditions du Seuil, 1957 et 1958.
4 vol. (135 x 195 mm) de 423, 464, 469 et 687 p. Brochés, non coupés.
Édition originale de la traduction française par Philippe Jacottet.
Un des 55 premiers exemplaires sur vélin neige (n° 10).
Roman inachevé – qui représente canoniquement l’impossibilité du romanesque au XXe siècle, L’Homme sans qualité porte en filigrane la citation de Pascal, « on n’aime personne, mais des qualités ». Son intention était d’y dénoncer certaines erreurs notoires de l’idéologie européenne, auxquelles nul remède n’avait de son point de vue été apporté, « en procédant du principe selon lequel les idées déterminent le cours de l’histoire, certes, mais le problème est que les gens ne parviennent pas à en concevoir de nouvelles ». Salué comme « un essai ambitieux de représentation des aventures de l’esprit humain dans notre monde moderne » (D. Frey), ce roman inachevé met en scène un homme sans qualités, c’est-à-dire sans singularités, « un être flottant ouvert à tous les possibles » ; un homme doué du sens du possible qui, pour reprendre les mots de l’écrivain, « ne dira pas : ici s’est produite, va se produire, doit se produire telle ou telle chose, mais il imaginera : ici pourrait, devrait se produire telle ou telle chose ; et quand on lui dit d’une chose qu’elle est comme elle est, il pense qu’elle pourrait aussi bien être autre. Ainsi pourrait-on définir simplement le sens du possible comme la faculté de penser tout ce qui pourrait être ‘aussi bien’, et de ne pas accorder plus d’importance à ce qui est qu’à ce qui n’est pas ». Et Musil de brosser le tableau ironique d’un « monde de qualités sans hommes ».
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