L’Exil et le royaume

Albert Camus

L’Exil et le royaume

Paris, Gallimard, (4 mars) 1957
1 vol. (115 x 180 mm) de 231 p., [3] et 1 f.

 

Édition originale.
Un des exemplaires du service de presse.

Envoi signé : « à vous, mon cher René, puisque sans vous point de [ROYAUME], avec toutes les pensées du cœur. Albert Camus« .

 

Précieux exemplaire du dernier ouvrage publié de Camus avant son prix Nobel, qu’il obtiendra en octobre 1957 (si l’on omet la publication de l’adaptation du Chevalier d’Olmedo, en juin, et la Réflexions sur la guillotine, publié dans l’ouvrage co-écrit avec Koestler, Réflexions sur la peine capitale, en mai).

Il est offert à René Char.

La première fois que Char entend le nom de Camus, il est dans le Maquis de Céreste. Un ami lui donne alors L’Étranger. Mais le rendez-vous est manqué, du fait des circonstances qui, comme l’écrit Char, l’empêchent d’accorder à ce livre d’un inconnu un champ suffisant de rêverie. La suite est connue, et l’amitié indéfectible, « de toujours à toujours » se poursuivra sans accrocs. « Leur correspondance est la plus belle ode à l’amitié (…). Avec ces deux-là, il y a même quelque chose qui va audelà de l’amitié, d’indéfinissable, d’indéfectible, quelque chose qui ressemble à de la noblesse de cœur. Albert Camus et René Char, c’est d’abord l’histoire d’une amitié rare, forte, exemplaire. Celle dont on rêve pour la vie. « Il est des rencontres fertiles qui valent bien des aurores », écrit le poète à l’écrivain en octobre 1947. « Ce que vous savez peut-être mal, c’est à quel point vous êtes. un besoin pour ceux qui vous aiment et qui, sans vous, ne vaudraient pas grand chose », répond l’auteur du Mythe de Sisyphe » (M. Aïssaoui, in Dictionnaire amoureux d’Albert Camus, p. 92).

 

A l’annonce du Nobel, ce dernier écrira à son ami, accompagnant sa lettre d’un objet qui lui donne toute sa valeur : « J’espère, je crois que l’on ne nous dit pas ce qui ne sera pas. Donc cette assurance dans la presse m’incite déjà sans réserve à me réjouir et à trouver ce jeudi 17 octobre 1957 le meilleur, le plus éclairé, oui le meilleur jour depuis longtemps pour moi entre tant de jours désespérants. Je vous prie d’accepter, en souvenir d’aujourd’hui, cette petite boîte qui me sauva la vie jadis dans le Maquis et que j’ai conservée comme une relique vraiment intime. Je vous presse la main fort, affectueusement, fraternellement » (17 octobre 1957, in Correspondance).

L’assurance de la presse sera bel et bien confirmée ce 17 octobre, jour officiel de l’annonce qui, presque, panique Camus :  » Comment un homme presque jeune, riche de ses seuls doutes et d’une oeuvre encore en chantier, habitué à vivre dans la solitude du travail ou dans les retraites de l’amitié, n’aurait-il pas appris avec une sorte de panique un arrêt qui le portait d’un coup, seul et réduit à lui-même, au centre d’une lumière crue ? »

Les six nouvelles de L’Exil et le royaume (La Femme adultère, Le Renégat, Les Muets, L’Hôte, Jonas et La Pierre qui pousse) furent toutes rédigées entre 1954 et 1955.

La Chute, à l’origine, en était une septième, avant que Camus n’en fasse un roman entier – comme le rappelle le prière d’insérer, daté de février 1957 : « La Chute, avant de devenir un long récit, faisait partie de L’Exil et le Royaume. Ce recueil comprend six nouvelles (…). Un seul thème pourtant, celui de l’exil, y est traité de six façons différentes, depuis le monologue intérieur jusqu’au récit réaliste. Les six récits ont d’ailleurs été écrits à la suite, bien qu’ils aient été repris et travaillés séparément. Quant au royaume dont il est question aussi, dans le titre, il coïncide avec une certaine vie libre et nue que nous avons à retrouver, pour renaître enfin. L’exil, à sa manière, nous en montre les chemins, à la seule condition que nous sachions y refuser en même temps la servitude et la possession. »

Le recueil est dédié – c’est le seul – à sa femme, Francine. Le fil directeur en est bien l’exil, forcé ou volontaire, d’un personnage central qui, « qu’on le croise dans les quartiers ouvriers d’Alger, dans un quartier bourgeois de Paris ou dans un village du Brésil, peine à retrouver un sens à sa vie. Les hommes et les femmes chez Camus sont en perpétuelle interrogation, pour ne pas dire introspection – c’est vrai partout, et peut-être plus encore prégnant encore chez Janine, La Femme adultère, qui semble être exilée d’elle-même et pourtant actrice de son destin (…). L’Hôte est une nouvelle qui se termine avec cette phrase qui a valeur universelle, qui dit beaucoup de Camus lui-même : ‘Dans ce vaste pays qu’il avait tant aimé, il était seul’. Comme une confidence à son malheur. » (in Dictionnaire amoureux, p. 164).


Précieux exemplaire offert à son indéfectible ami
son « frère de planète ».

C’est l’un des 23 envois que nous recensons de Camus à Char  – des envois sont connus sur les éditions originales des exemplaires suivants :

Le Mythe de Sisyphe, Lettres à un ami allemand, Noces, Les Justes, L’Homme révolté, L’Exil et le royaume, L’Envers et l’endroit, Actuelles I, Actuelles II, Actuelles III, La Chute, La Peste, La Ballade de la geôle de Reading [de Wilde, avec la préface de Camus, L’Artiste en prison], Les Possédés, La Femme adultère, Récits et théâtre.

Plusieurs titres ont été offerts sous différentes formes : grands papiers, service de presse, cartonnage Nrf -, ce qui explique le nombre plus important d’exemplaires que de titres dans notre recensement – non exhaustif.


Cet exemplaire, « inédit », n’est jusqu’ici jamais apparu sur le marché. 

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