Dakar, Verson [Calvados] ou Paris, entre 1966 et 1990.
17 lettres tapuscrites signées à en-tête de la Présidence de la République du Sénégal, et divers documents dont :
Cet ensemble de lettres est adressé par Léopold Sédar Senghor à l’abbé Jean Vuaillat, directeur des Cahiers de poésie “Laudes” qu’il fonda en 1966. Senghor y publiera plusieurs poèmes inédits, et un numéro spécial consacrera en 1983 un essai bio-bibliographique sur le poète sénégalais, qui consitue sans doute encore aujourd’hui le meilleur appareil sur le sujet.
D’inspiration chrétienne, la poésie de Senghor s’inscrit tout naturellement dans la ligne éditoriale de “Laudes” et les affinités des deux hommes, aussi bien esthétiques que spirituelles sont bien réelles. Senghor apprécie autant le directeur de revue que le poète. Lorsque Vuaillat fait paraître ses “Mémoires du sablier”, le Président sénégalais lui écrit : « j’ai aimé vos poèmes, habités, dès le premier, par la présence du Christ. Mais cela ne les empêche pas d’être très modernes. Et j’ai admiré votre emploi des expressions et des mots quotidiens, mais animés par des images analogiques[…] Et puis, […] j’ai découvert que, comme moi, vous étiez allé chercher la poésie au Royaume d’enfance ». Toujours, Senghor répondra avec une extrême courtoisie à son correspondant et essaie autant que ses responsabilités politiques le lui permettent de satisfaire à ses demandes : envois de livres à dédicacer, poèmes pour la revue, préface etc., « je suis confus d’avoir tant tardé à répondre à votre lettre […]. C’est que j’ai été absent de Dakar de mars à juin. Et puis, coup sur coup, j’ai été élu à l’Académie française et j’ai perdu, pour la deuxième fois, un fils. »
Après son élection à l’Académie française en 1983 Senghor adressera une touchante lettre de remerciements à celui qu’il appelle désormais son « ami ». Mais à partir de cette époque leur collaboration pour Laudes deviendra plus difficile, ses engagements éditoriaux empêchant le nouvel académicien de fournir à la revue de Jean Vuaillat les petits textes inédits qu’il lui livrait auparavant : « […] en ce qui concerne le poème que vous me demandez pour votre revue, j’avais encore des poèmes inédits, c’est-à-dire les premiers écrits quand j’étais étudiant. Malheureusement pour vous ils viennent d’être publiés […] aux éditions du Seuil ».
Leurs échanges, pour autant, ne cesseront jamais.
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