Paris, Gallimard, (29 octobre) 1956.
1 vol. (120 x 190 mm) de 275 p., [1] et 1 f. Broché.
Mention de 86e édition.
Envoi signé : « Pour Maurice Genevoix qui sait ce que c’est, lui, que la gloire militaire, en respectueux hommage. Jean Dutourd, 6 nov. 1963 ».
Dans ce roman satirique, Jean Dutourd imagine que la France, envahie par l’armée américaine, réagit par une mobilisation aussi burlesque que symbolique : celle des taxis parisiens. Déroutante par son ton volontairement anachronique, la fiction opère une critique du patriotisme de façade et de l’esprit cocardier, dans la veine d’un antimilitarisme ironique. La dédicace à Genevoix joue sur ce contraste : Dutourd reconnaît chez son aîné l’incarnation authentique de la « gloire militaire », qu’il oppose implicitement à la dérision volontaire de son propre récit. Si Genevoix traita la guerre avec une gravité douloureuse, Dutourd en détourne les signes pour mieux en interroger le sens profond.
Jean Dutourd rejoindra Maurice Genevoix à l’Académie française en 1978, au fauteuil n° 31 précédemment occupé par Jean Guitton. Sa verve, son humour et sa défense passionnée de la langue (il est notamment membre du Haut Conseil de la Francophonie) en feront l’un des académiciens les plus médiatisés des années 1980 à 2000. Dans un style très différent de Genevoix, Dutourd prolongera malgré tout une certaine tradition de l’écrivain français lettré et engagé dans la chose publique par le verbe.