Paris, Gallimard, (7 décembre) 1956.
1 vol. (135 x 205 mm) de 443 p. et [2] f. Broché.
Édition post-Goncourt, imprimée 3 jours après l’obtention du prix décerné le 4 décembre 1956.
Un des 15 premiers exemplaires sur vélin de Hollande.
Les 10 premiers sont réservés aux membres de l’Académie Goncourt, l’exemplaire « k » est celui de Gary, et les quatre derniers pour l’éditeur.
Exemplaire nominatif pour Francis Carco (exemplaire d).
Envoi signé : « au plus grand poète du roman, à un auteur dont je ne cesse de relire les pages et dont les personnages ne cessent de nous hanter, hommage de Romain Gary ».
« Je suis déchiré entre la joie de me voir décerner le prix Goncourt et la tristesse de constater que l’idéal de liberté et de dignité humaines que je défends dans mon livre n’a jamais été plus menacé » : ce sont les premiers mots de Romain Gary lorsqu’il apprit par un représentant de l’agence France-Presse que Les Racines du ciel venait de lui valoir le prix Goncourt. « Une seule chose, ajouta-t-il, me causerait une joie personnelle aussi grande que de recevoir le prix Goncourt : que le prix Nobel soit attribué à André Malraux. » Premier roman à avoir ouvertement pour sujet central la protection de la nature, Les Racines du ciel est aussi – encore – un roman de résistance : « celui de la résistance à tout ce qui opprime l’homme, où que ce soit et de quelque manière que ce soit ». C’est pourquoi Gary écrivit en décembre 1956 après l’entrée des chars russes à Budapest : « Il faut sauver les éléphants hongrois. Ils reprendront un jour leur marche triomphale » (Larat, Romain Gary, Une trajectoire dans le siècle, II, p. 48).
Romain Gary, qui se trouve à La Paz au moment de l’annonce – consul de France à Los Angeles, il est chargé d’un court interim à l’ambassade de France en Bolivie -, obtient du Quai d’Orsay une disponibilité de deux semaines pour la fin du mois de décembre 1956. Dans l’intervalle, son éditeur fait procéder à une recomposition du texte initialement paru en septembre 1956, corrigé de plusieurs fautes orthographiques et stylistiques. Car c’est peu de dire que le texte original ne semblait pas avoir été vraiment corrigé : un nombre anormal de coquilles subsiste, et la critique s’en régale, fustigeant les lourdeurs et les maladresses. Plusieurs journaux se font l’écho de rumeurs, comme quoi le style de Gary serait déplorable : « Il semble bien que Gary ait laissé passer quelques erreurs dans son manuscrit […]. Gary demanda de faire relire les épreuves ‘par un grammairien chevronné’. Cette correction n’eut peut-être pas lieu, ce qui expliquerait l’ampleur des fautes relevées dans l’édition originale » (Larat, II, note p. 52, d’après une lettre de Romain Gary du 5 octobre 1956 conservées aux Archives Gallimard).
Les retirages de décembre vont améliorer un peu la chose, au moment où Gary, à qui le Quai d’Orsay a accordé une courte permission, peut regagner Paris. Gallimard organise interviews et rencontres, dont une participation à Lecture pour tous dans laquelle il reviendra sur le sujet.
À l’occasion du retirage, les éditions Gallimard produisent un nouveau tirage de tête : comme pour l’originale de septembre, il est limité à 15 exemplaires.
Les dix premiers sont pour les membres de l’Académie Goncourt, dont on connaît pour l’heure les exemplaires suivants : Bauer, Hériat, Mac Orlan, Queneau, Salacrou et celui-ci, pour Francis Carco. Il reste à découvrir ceux de Billy, Dorgelès, Giono et Lanoux.
Pour son propre exemplaire, Romain Gary se l’est ainsi approprié avec une parfaite auto-dédicace… : « À mon cher Romain Gary, mon bon compagnon de lutte, en témoignage de profonde affection, Romain Gary ».
Celui de Carco est tout aussi exceptionnel, puisqu’il contient une dédicace tout à fait parlante – ce que n’ont pas les autres exemplaires connus – à l’auteur de Jésus-la-Caille.