Paris, Alphonse Lemerre, (15 janvier) 1873.
1 vol. (110 x 185 mm) de 1, [2] f., 146 p. et [1] f. Bradel demi-percaline beige, pièce de titre, fleuron, chiffre en pied (reliure signée de Paul Vié).
Édition originale.
Envoi signé : « à Henry Roujon, Anatole France ».
Tirage à 580 exemplaires sur vélin.
On joint :
Jacques Roujon, La Vie et les Opinions d’Anatole France.
Paris, Plon, 1925.
Jacques Roujon est le fils d’Henry Roujon, académicien et ami de France, à qui est dédicacé le volume.
Premier des deux seules publications poétiques d’Anatole France, alors très impliqué dans les cercles du Parnasse et surtout chez celui où tout commença : Alphonse Lemerre qui presque dix ans plus tôt lançait passage Choiseul dans sa toute nouvelle librairie, à côté des éditions des grands auteurs classiques des XVIe et XVIIe, l’édition de plaquettes de jeunes poètes réunis dans un premier temps chez le violoniste Ernest Boutier. Avisé, Lemerre, qui publiera ces Poëmes dorés, avait conçu un système simple et efficace : « […] il éditait à cinq cents exemplaires la plaquette de vers qu’on lui présentait et les frais (800 francs environ) étaient remboursés par l’auteur, en cas de mévente, au moyen de billet à ordre. À ce régime, Lemerre fut vite à son aise et la poésie devint son domaine incontesté. » (J. Roujon, La Vie et les Opinions d’Anatole France). Les revues du Parnasse purent ainsi fleurir où Leconte de Lisle etc… donnèrent leur vers. L’Art, qui deviendra bientôt sous l’influence de Catulle Mendès Le Parnasse contemporain publia les jeunes poètes avant qu’ils n’aient l’honneur d’une publication en volume.
Chez Lemerre où parut ce premier recueil, le jeune Anatole exerçait alors les fonctions de préfacier et de lecteur. C’est par lui d’abord au temps où naissait le groupe du Parnasse qu’il rencontra celui auquel ce livre est dédié, Leconte de Lisle, de vingt-deux ans son aîné « […] Les jeunes allaient chez Leconte de Lisle ‘comme les Musulmans vont à la Mecque’ […] chez ce redoutable guide, Anatole France se tiendra longtemps au second rang et sur le bord de sa chaise » (ib.). La véritable entrée dans les lettres d’Anatole France fut donc avec ce recueil qui « le posa en maître aux yeux des jeunes gens comme Paul Bourget » et surtout affermit son lien avec Leconte de Lisle qu’il connaissait depuis six ans déjà. C’est dans le salon de ce dernier qu’il devient à ce moment l’un des poètes les plus écoutés. Il ne lui manque plus qu’une chose, ce que d’autres, Coppée, Mérat … et le maître lui-même ont acquis, une place de bibliothécaire, cette « modeste et monotone existence favorable au rêve et au travail des vers. » (ib.).