Les Mots

Jean-Paul Sartre

Les Mots

Paris, Gallimard, [30 décembre 1963], 1964.
1 vol. (185 x 117 mm) de 224 p. Maroquin brun, décor mosaïqué d’arabesques en deux tons de rouge et deux tons de vert sur un fond havane clair saillant, titre et dates en lettres dorées, tranches dorées sur brochure, gardes de daim vert, chemise, étui (Paul Bonet, 1964).

 

Édition originale.
Un des 15 premiers exemplaires sur japon Impérial (n° 15).

Parfait exemplaire, en reliure strictement contemporaine de Paul Bonet.
C’est la première des deux reliures de Bonet sur cet ouvrage, et la seule sur ce papier de tête.

Le tirage de tête des Mots est d’une grande rareté, et cet exemplaire est sans conteste l’un des plus désirables.

Ce récit autobiographique qui, sous prétexte de raconter le parcours d’un homme de lettres, met à bas la littérature, renvoie tous les songe-creux à leur méprise : prendre leurs désenchantements pour la vérité. Écrire fut longtemps pour Sartre donner sens, « arracher ma vie, comme il disait, au hasard. » Revenu, ô combien, de cette gageure, l’auteur dresse un bilan définitif de ses illusions passées. Elles sont d’abord livrées en deux livraisons des Temps modernes (octobre et novembre 1963), avant de paraître paraît chez Gallimard en avril 1964.

« Malgré l’image polémique dont est alors victime Sartre dans l’opinion publique française, les hommages de la presse sont unanimes, et les titres, souvent très inspirés, des nombreux articles qui recensent le livre, rendent compte de la surprise et de l’émotion générales. Organisé en deux chapitres sobrement nommés « Écrire » et « Lire », le texte des Mots évacue vite l’ascendance paternelle de l’écrivain. Sartre nous apprend qu’issu d’une famille de notables radicaux, Jean-Baptiste, son père, lui-même fils d’un médecin de campagne de Dordogne avait, contre toute attente, cherché à échapper au quotidien de la bourgeoisie de province en choisissant l’aventure dans la marine, avant de faire « la connaissance d’Anne-Marie Schweitzer », de « s’emparer de cette grande fille délaissée », de lui « faire un enfant au galop, moi » et de « se réfugier dans la mort », victime d’une maladie contractée en Cochinchine, laissant une veuve de vingt-quatre ans et un fils de quinze mois. « La mort de mon père fut la grande affaire de ma vie, elle rendit ma mère à ses chaînes et me donna la liberté. » En contraste, l’auteur nous fait pénétrer dans l’intimité de sa famille maternelle, les Schweitzer, de ses grands-parents « Karl et Mamie », qui accueillirent la mère et l’enfant dans leur maison de Meudon, puis dans leur appartement, entre le Panthéon et le jardin du Luxembourg (…). Mon grand-père, écrit-il, « me jeta dans la littérature par le soin qu’il mit à m’en détourner : au point qu’il m’arrive, aujourd’hui encore, de me demander […] si je n’ai pas couvert tant de feuillets de mon encre, jeté sur le marché tant de livres qui n’étaient souhaités par personne, dans l’unique et fol espoir de plaire à mon grand-père ». Sartre bataillera pour dénouer ce règlement de compte avec l’aïeul, jusqu’à son dernier livre, son colossal Flaubert. D’ailleurs, malgré ses efforts pour se construire fils de personne, comme il le fit dans Les Mots, Sartre est bien le produit de la bourgeoisie intellectuelle en gloire, comme en attestent les documents découverts par les historiens pour construire le contexte de sa généalogie. » (Anne Cohen-Solal, Sartre).

 

✒️ Contat & Rybalka, Les Écrits de Sartre, 63/383 ; Paul Bonet, Carnets, 1479.

 

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