[Bruxelles, Samuel, fin 1852 – début 1853].
4 + 2 plaquettes (75 x 115 mm) de 16 p. chacune. Brochées, [sous chemise et étui de demi-maroquin rouge pour celles des Châtiments].
Collection complète des quatre pièces extraites de l’édition non expurgée des Châtiments.
Les deux premières, « Nox » et « L’Expiation », furent imprimées à 2 000 exemplaires, « Joyeuse vie » à quelques centaines – et « À l’obéissance passive » à quelques unités seulement, ces deux dernières étant inconnues de Vicaire et de Carteret.
Jointes : « Lettre à Lord Palmerston » et « L’Anniversaire de la Révolution de 1848 » [Jersey, Imprimerie universelle, 1854 et 1855]. 2 plaquettes (75 x 115 mm) de 16 p. et 32 p., la première imprimée sur papier bleu.
Ces plaquettes furent imprimées pour être introduites clandestinement en France, par courrier, à la suite de l’interdiction des Châtiments.
L’imprimeur belge Samuel eut alors l’idée d’imprimer séparément, dans le format in-32, quelques pièces du recueil, pour que ces minces brochures puissent être ensuite expédiées par la poste et échapper ainsi à la vigilance de la police. Le 13 décembre, Samuel indique à Hugo qu’ont déjà été imprimés « deux extraits, l’un que vous avez déjà [Nox], l’autre que je vous envoie ici, L’Expiation […]. Maintenant, je fais les pièces que vous m’avez indiquées [Joyeuse vie et À l’obéissance passive] ; je vous en enverrai une preuve… J’ai tiré quatre mille extraits des deux premières – deux mille de chaque pièce. »
Cela vient infirmer les dires de Clouzot, pour qui les deux premières furent « L’Expiation » et « Joyeuse vie », « tirées à 2 000 exemplaires […], les deux dernières [À l’obéissance passive et Nox] à un nombre infime (10 ou 12 peut-être ?) sans qu’on en comprenne la raison. Ils sont restés longtemps inconnus » (Clouzot, p. 147).
« Joyeuse vie » connût en effet un tirage bien moins important ; quant à « L’Obéissance passive », elle failli même passer entièrement à la trappe : sa « composition était achevée, et Victor Hugo en avait corrigé les épreuves, lorsqu’il se ravisa et ordonna à Samuel de décomposer. Il s’aperçut en effet que cette poésie, lue isolément, risquait d’être interprétée par ses adversaires comme une insulte à l’armée française. » Elle fut in fine imprimée à quelques unités, sans pouvoir être diffusée comme les précédentes et c’est clairement la plus rare de quatre plaquettes.
La précipitation de la composition de ce dernier tiré à part est d’ailleurs confirmée par le caractère inachevé de la page de titre : à la différence des trois autres, elle ne contient ni le titre général des Châtiments, ni le nom de l’auteur et encore moins la préface introductive. C’est également la seule à être datée de 1853. Les trois autres le sont de novembre et décembre 1852. Si le nombre avancé par Clouzot peut sembler quelque peu exagéré, la rareté de cette plaquette demeure néanmoins une réalité : pas d’exemplaire dans la collection Zoummeroff, inconnu de Carteret et jamais vu par Vicaire, qui ne connaissait de visu que les deux premières.
Notons encore qu’une plaquette sur le même modèle, la « Lettre à Lord Palmerston », imprimée à Jersey en 1854, donna à Paul Éluard, auquel Valentine Hugo avait offert un exemplaire, l’idée d’éditer ainsi son recueil À toute épreuve vers la fin de 1930.