Paris, Didot l’Ainé, An IV, 1796.
4 vol. (90 x 145 mm) de 240, 292, 248 et 260 p. avec [1] f. (front.) au tome I et [2] f. (catalogue) au tome IV. Maroquin rouge, dos à nerfs ornés de compartiments dorés, pièces de titre et pastilles de tomaison vertes, filets et roulettes dorés encadrant les plats, contreplats et gardes papier à décor floral, tranches dorées (reliure de l’époque).
Portrait de Fénelon d’après Vivien gravé par Gaucher et 24 figures de Quéverdo gravées par Dambrun, Delignon, Delaunay, Gaucher et Villerey.
Un des 200 exemplaires sur vélin, avec les figures avant la lettre signées à la pointe-sèche.
On joint, reliée à part, la rare suite des eaux-fortes pures, à toutes marges, de Quéverdo, reliée en demi-percaline à coins.
Roman didactique de Fénelon, probablement écrit dans les années 1694 et suivantes, Les Aventures de Télémaque sont publiées pour la première fois – à l’insu de l’auteur – en 1699. Il fut interprété comme une satire du règne de Louis XIV, où l’arrogant prince Idoménée transparaît comme une image particulièrement évocatrice du Roi Soleil. Cette critique implicite de l’absolutisme du monarque apparut immédiatement comme un manifeste transparent en faveur du droit naturel contre le droit divin.
Le roman rencontra un vif succès et fut, pendant deux siècles, de 1699 à 1914, un des livres les plus réédités et les plus lus de toute la littérature française, « tellement traduit en Europe que le décompte exact de ses traductions reste encore à faire ». Sa diffusion fut telle qu’il servit de support d’apprentissage de la langue française, avec de nombreuses éditions bilingues, y compris étrangères : « ainsi, dans l’espace allemand, on publie de nombreuses versions traduites en italien ou en anglais du roman de Fénelon, avec une évidente visée d’apprentissage linguistique (…). Télémaque est historiquement, en 1726, le premier livre publié en anglais sur le sol allemand, et c’était aussi le premier roman à être traduit en turc, publié en 1862 » (Nathalie Ferrand, Les circulations européennes du roman français, Presses universitaires de Rennes, 2010).
Une édition identique sera imprimée en 1796 dans le même format, avec la même collation, et toujours chez Pierre Didot, mais avec des gravures de Lefebvre, nettement mois séduisantes et recherchées.
Des bibliothèques A. Gransire puis Paul Eudel (ex-libris).
Paul Eudel était collectionneur, critique d’art et auteur dramatique ; ex-libris armorié à la devise In Procellis impavidae [Calmes dans la tempête]. Sa bibliothèque fut dispersée en vente publique en 1898 et 1913.
Cohen, 388.