Le Théâtre. Les Tragédies et Comédies.
Pierre Corneille & Thomas Corneille

Le Théâtre. Les Tragédies et Comédies.

[Amsterdam], Suivant la Copie imprimée à Paris, [Abraham Wolfgang], 1664-1678.
10 vol. (75 x 134 mm) de 1 portrait, 9 frontispices et 61 figures. Maroquin rouge, dos à nerfs ornés de caissons dorés, titre, tomaisons et dates dorés, au centre des plats médaillon ovale cerclé de petits fers et entrelacs dorés, encadré d’un double jeu de filets dorés, doublures de maroquin bleu, roulette et filets dorés encadrant une large dentelle dorée, fleurons d’angle, double garde peignée, tranches dorées sur marbrure (reliure signée de Pierre-Marcellin Lortic).

 

Le théâtre complet de Pierre Corneille et Thomas Corneille : L’Illusion comique, Rodogune, Le Cid, Cinna ou Polyeucte…

Exemplaire de choix, aux bonnes dates, sans exception (de 1664 à 1678) aux pedigrees impeccables : Pierre-Marcellin Lortic, Henri Bordes et Jules Lemaître. Cette édition est précisément décrite par Picot dans sa Bibliographie cornélienne, sous le n° 381. Elle est célèbre et contient d’admirables gravures, illustrant la totalité du théâtre des deux frères.

Après les cinq premiers volumes de Pierre Corneille, l’éditeur poursuit jusqu’en 1678, avec les Tragédies et Comédies de son frère Thomas.

Un des plus beaux exemplaires connus de cette « charmante édition exécutée à Amsterdam par Abraham Wolfgang, et justement recherchée, sinon pour le texte lui-même, du moins pour la beauté de l’impression et du papier et pour l’élégance des figures. Cette édition a l’avantage de donner, non pas un choix, mais la suite complète des pièces de Corneille. Elle est devenue depuis quelques années, dit M. Brunet, un objet d’une très grande importance auprès des bibliomanes français, et il est fort difficile d’en trouver des exemplaires complets. » (Picot, 381). Assertion confirmée par Willems : « Cette collection est difficile à réunir. Les exemplaires qui ne laissent rien à désirer pour les dates des pièces et la grandeur des marges se paient fort cher. »

C’est le cas de cet exemplaire, en exceptionnelle condition et d’une grande hauteur de marges (134 mm). Toutes les pièces, figures, titres généraux et frontispices sont bien présents, ainsi qu’une grande partie des feuillets blancs qui séparent parfois les pièces. Il est bien complet de l’avis de l’imprimeur au lecteur et du portrait au tome 1, souvent manquants.

Les 5 volumes du Théâtre de Pierre Corneille portent tous la marque d’Abraham Wolfgang, signée « Quarendo » et dite au « Renard guettant sa proie » :

Partie I : portrait de Corneille, sans nom de graveur ; frontispice gravé représentant le buste de Corneille couronné par deux ‘Renommées’, avec ce titre : « Le Théâtre de P. Corneille » ; 5 f. pour l’« Avis de l’Im- primeur au Lecteur » (avis signé A. W.) et la table des pièces de Pierre Corneille et de Thomas Corneille ; 74 p. pour le « Discours du Poëme dramatique » et les « Examens ». Suivent les huit pièces (de Mélite à l’Illusion comique), chacune, précédée d’une figure et d’un titre, avec une pagination distincte.

Partie II : frontispice gravé représentant deux ‘Amours’, dont l’un déploie un voile sur lequel on lit : « Le Théâtre de P. Corneille », et l’autre gravant des armes sur une pierre ; 1 f. pour le titre, 92 p. contenant le « Discours de la Tragédie » et les « Examens ». Suivent les 7 pièces (du Cid à la Suite du Menteur), chacune précédée d’une figure et d’un titre, avec une pagination distincte.

Partie III : frontispice gravé, représentant la ‘Vérité’ debout sur une sphère entourée de rois orientaux tenant une écharpe sur laquelle on lit : « Le Théâtre de P. Corneille » ; 1 f. pour le titre ; 68 p. pour le « Discours des trois Unitez » et les trois « Examens ». Suivent les 7 pièces (de Rodogune à OEdipe), chacune précédée d’une figure et d’un titre, avec une pagination distincte.

Partie IV : frontispice gravé ; 1 f. pour le titre ; 4 f. pour l’« Avertissement » pour Sertorius. Suivent les 4 pièces (de Sertorius à Othon) chacune précédée d’une figure et d’un titre, avec une pagination distincte.

Partie V : frontispice gravé. Suivent 5 pièces (de Agesilas à Surena) chacune précédée d’une figure, d’un avis « Au lecteur » et d’un titre, avec une pagination distincte.

Ces 5 volumes sont complétés par les oeuvres de son frère, Thomas Corneille :

Partie I : 2 f. pour le frontispice gravé et le titre. Suivent 6 pièces (des Engagemens du hazard au Berger extravagant). Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée, avec pour certaines une « Epistre ».

Partie II : 2 f. pour le frontispice gravé et le titre. Suivent 6 pièces (de Le Geolier de soy mesme à Darius). Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

Partie III : 2 f. pour le frontispice gravé et le titre. Suivent 6 pièces (de Stilicon à Pyrrhus, roy d’Epire) dont les 4 premières seulement sont mentionnées, les 2 dernières Pyrrhus, roy d’Epire et Persée… sont ici bien présentes, les titres ayant été ajoutés anciennement à l’encre dans la liste. Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée.

Partie IV : 2 f. pour le frontispice gravé et le titre. Suivent 6 pièces (de Antiochus à La Mort d’Annibal. Chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée, avec pour certaines une « Epistre ».

Partie V : 2 f. pour le frontispice gravé et le titre. Suivent 6 pièces (de Ariane au Comte d’Essex), mais chaque pièce a une figure, un titre et une pagination séparée, avec pour certaines un « Argument », une note pour la « Décoration du prologue » et un avis « Au lecteur ».

Élu au fauteuil 14 à l’Académie française, en 1647, Pierre Corneille en était le doyen lorsqu’il mourut en octobre 1684. Tous les membres de l’Académie s’en émurent et proposèrent à son frère, affligé, de pourvoir au siège vacant. Il y sera élu à l’unanimité le 2 janvier 1685 ; Thomas ne pouvant décemment faire l’éloge de son frère qu’il remplace, ce fut Racine qui s’en chargea en même temps qu’il recevait Thomas et cela reste l’unique exemple de deux discours, d’hommage et de réception, par le même académicien dans l’histoire de l’institution.

Voltaire dit du frère cadet, qu’exception faite de Racine il était le seul de son temps qui fût digne d’être le premier au-dessous de son frère. C’était un homme qui aurait une grande réputation s’il n’avait point eu de frère ». Bon grammairien, Thomas Corneille écrivit un Dictionnaire des arts et des sciences et un Dictionnaire universel géographique et historique. À l’Académie, il recevra Fontenelle le 5 mai 1691.

Exceptionnelle réunion des oeuvres des deux frères, en parfaite condition. L’exemplaire a été établi avec un soin délicat et attentionné par Pierre-Marcellin Lortic, puis vendu à Henri Bordes.

Né à Saint-Gaudens le 4 avril 1822, le Gascon Pierre-Marcellin Lortic, dit « le Frondeur », arrive à Paris à la fin des années 1830 et intègre comme ouvrier l’atelier de Pierre-Paul Gruel : le jeune homme se distingue par un fort caractère et des conceptions personnelles qu’il affirme haut et fort et, alors qu’il n’a que vingt-deux ans, s’installe en 1844 au 199 rue Saint-Honoré, adresse qui sera la sienne jusqu’à son déménagement au 1 rue de la Monnaie, vers 1860.

« Les reliures de Pierre-Marcellin Lortic se distinguent par le poli de leur maroquin, leur fermeté, leur légèreté, la finesse de leurs cartons et leurs nerfs très pincés et la subtilité de leur dorure, même si ‘Le Frondeur’ n’est pas doreur et qu’il confie ses travaux aux plus grands spécialistes de l’époque, notamment Wampflug et Maillard […] Au-delà de son perfectionnisme et de la maîtrise incontestable dont il fera preuve, il va révolutionner cet art industriel qu’est la reliure, que ce soit au niveau de la relation avec le bibliophile, de l’approche commerciale, développant une conception très personnelle de son art et n’apprécie que modérément la critique et le conseil des bibliophiles. De là naîtra peut-être sa principale innovation commerciale : ne plus attendre le client, acquérir lui-même des ouvrages, les relier à son goût et les proposer directement à la vente dans un atelier qui devient également, par le fait, une librairie. Le concept est révolutionnaire, à une époque où la reliure de luxe procède de la commande d’un particulier qui apporte ensuite son ouvrage chez le relieur, avec ses indications. Il vaudra à Lortic les critiques des libraires et des amateurs, mais démontre que le relieur avait une très bonne connaissance du livre et des goûts de l’époque, si ce n’est bibliographique » (Hugues Ouvrard, in Portrait de Pierre-Marcellin Lortic, en ligne).

Son goût sûr le pousse d’ailleurs vers des ouvrages d’exception ou des raretés bibliographiques qu’il établit avec grand soin et dont il ne se dessaisit que pour les vendre aux grands bibliophiles de son époque qui sont ses clients : Ambroise Firmin- Didot (qui possédait 504 reliures signées de lui) l’architecte Joseph Lesoufaché, le duc d’Aumale, l’architecte Hippolyte Destailleurs, l’armateur bordelais Henri Bordes, le duc de Parme, le duc de Rivoli, Edmond de Goncourt, Auguste Poulet-Malassis, Charles Asselineau, Théodore de Banville et bien sûr Charles Baudelaire, qui confia à Lortic la reliure de huit exemplaires de l’édition originale des Fleurs du mal.

Depuis 1876, Lortic collait dans le coin gauche du premier contreplat de ses reliures une étiquette représentant huit livres empilés indiquant les multiples prix qu’il obtient à Londres (en 1851, il n’a alors que vingt-neuf ans), Paris (1855 et 1878), Vienne (1873) et Philadelphie (1876). Il est, en 1878, le premier relieur fait chevalier de la Légion d’honneur et modifie alors son ex-libris en y ajoutant cette décoration. Ce Corneille porte cette marque, ce qui permet de dater la reliure de ces années-là. Il met fin à ses activités professionnelles en 1884 ; ses fils reprendront la suite.

Notre exemplaire contient cet ex-libris à chaque volume, en plus de son fer, au centre du premier contreplat, qui est sa signature.

Des bibliothèques Pierre-Marcellin Lortic (ex-libris, troisième version de 1878), Henri Bordes (ex-libris et vente, 1911) ; Jules Lemaître (ex-libris et vente, 1917).

Picot, Bibliographie cornélienne, 381 (cite un exemplaire en maroquin rouge doublé de maroquin bleu, de la collection Benzon, mais c’est probablement un autre exemplaire) ; Willems, p. 466.

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